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Société

Ce que dit la circulaire "anti-Dieudonné"

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Le quotidien "Le Parisien" s'est procuré la circulaire "anti-Dieudonné" de Manuel Valls à l'attention des préfets. Le texte énumère les outils juridiques leur permettant d'interdire les spectacles du polémiste, plusieurs fois condamné pour antisémitisme.

"La lutte contre le racisme et l'antisémitisme est une préoccupation essentielle du gouvernement et exige une action énergique". C'est par cette phrase que s'ouvre la circulaire "anti-Dieudonné", rédigée par le ministère de l'Intérieur, envoyée à tous les préfets de France, et publiée sur le site du Parisien

Alors que le gouvernement a déclaré la guerre totale à l'humoriste controversé et que le Premier ministre s'est déclaré certain de l'interdiction de son spectacle à Nantes, Manuel Valls y dénonce la désormais célèbre "quenelle", une gestuelle liée, selon lui, "à des dérives racistes et antisémites".

Il fustige également le discours de Dieudonné et ses "propos antisémites et infamants à l'égard de plusieurs personnalités de confession juive", ainsi que ses "attaques virulentes et choquantes à la mémoire des victimes de la Shoah. La réponse à de tels propos doit être avant tout d'ordre pénal, mais également administrative".

Aux critiques qui relèvent qu'une interdiction serait contraire à la liberté d'expression, le ministre de l'Intérieur répond que "la liberté d'expression doit être garantie, mais qu'elle doit être conciliée avec d'autres principes, comme la préservation de l'ordre public".

L'interdiction doit être "exceptionnelle"

La liberté d'opinion ne fait donc "pas obstacle à ce que l'autorité interdise une activité si une telle mesure seule est de mesure à prévenir un trouble grave à l'ordre public", insiste-t-il.

Si Manuel Valls reconnaît que l'interdiction doit revêtir "un caractère tout à fait exceptionnel", il affirme aussi qu'elle "peut être justifiée lorsque c'est la seule solution pour mettre fin aux troubles à l'ordre public".

Pour Maître Eolas, avocat au barreau de Paris et blogueur à succès, aucune circulaire ne sera toutefois efficace pour contrer Dieudonné. Il rappelle qu'une circulaire ne crée pas du droit, mais qu'elle constitue plutôt une sorte de rappel à l'ordre.

"En cas de troubles à l'occasion d'un spectacle, la première obligation des préfets, c'est de déployer la police pour protéger le public", affirme-t-il. "Tout ce que l'administration ou Serge Klarsfeld proposent, c'est de tricher. Il serait beaucoup plus efficace de l'obliger à payer ses amendes de 65.000€".

Emmanuel Bringuier