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Ce lycée a trouvé une nouvelle vie pour Oscar, son vieux squelette oublié dans un placard

Le squelette Oscar traînait dans le lycée international de Clermont-Ferrand depuis des décennies.

Le squelette Oscar traînait dans le lycée international de Clermont-Ferrand depuis des décennies. - Lycée international de Clermont-Ferrand

Cela faisait plusieurs semaines qu'un lycée de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) s'arrachait les cheveux sur le sort à réserver au vieux squelette retrouvé dans le placard d'une salle de classe. Après plusieurs hésitations, le chef d'établissement a tranché: Oscar ne sera pas incinéré mais offert au musée de l'hôpital de Tulle (Corrèze).

Après des années enfermé au fond d'un placard, Oscar va connaître une nouvelle vie. Après plusieurs semaines de tergiversations, le lycée international Jeanne d'Arc de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a enfin décidé quel sort serait réservé à ce vieux squelette laissé à l'abandon dans son laboratoire de sciences.

Et contrairement à ce qui avait été envisagé dans un premier temps, Oscar ne sera pas incinéré. Il rejoindra plutôt les vitrines d'un musée de l'hôpital de Tulle (Corrèze), a fait savoir à BFMTV.com Patricia Taupier-Letage, adjointe au gestionnaire de l'établissement scolaire.

Au sein du lycée, personne ne sait réellement qui était ce bon vieux Oscar, ni même depuis quand il était présent dans les laboratoires de l'établissement. "On n’a aucune trace de lui dans l’inventaire du lycée. Est-ce qu’il était là quand le lycée a ouvert en 1899?", s'interrogeait Hamid Ettahfi, gestionnaire du lycée dans les pages du journal La Montagne. En tout cas, pour son adjointe, il s'agit vraisemblablement d'un corps qui a été donné à la science.

"C'était tout de même un être humain"

Avant d'être remplacé en 2001 par un squelette en PVC, Oscar a permis à de nombreux lycéens d'apprendre les rudimentaires de l'anatomie humaine. "Pas mal d'anciens élèves et de professeurs ont le souvenir de l'avoir croisé pendant des cours", raconte Patricia Taupier-Letage.

Le crâne du squelette Oscar, dont on ignore la véritable identité et dont on ne peut dater la présence au sein du lycée.
Le crâne du squelette Oscar, dont on ignore la véritable identité et dont on ne peut dater la présence au sein du lycée. © BFMTV

Cela faisait donc plus de vingt ans qu'il dépérissait au fond d'un placard du laboratoire de sciences, jusqu'à ce mois de mars, lorsque les techniciennes de laboratoire ont eu envie de faire un peu de tri.

"Que faire de ce squelette humain?", s'interrogent-elles alors, avec le gestionnaire de l'établissement. "C'était tout de même un être humain, qui mérite autre chose que d'être jeté à la poubelle", raconte Patricia Taupier-Letage, pour qui l'option de s'en débarrasser a vite été balayée d'un revers de manche.

Une hanche, le dessus du crâne, le bassin et un bras du squelette qui était oublié dans un placard d'un lycée de Clermont-Ferrand.
Une hanche, le dessus du crâne, le bassin et un bras du squelette qui était oublié dans un placard d'un lycée de Clermont-Ferrand. © BFMTV
"Ce n'est pas un rebus. Après des années à l'avoir objectifié, on voulait le traiter avec respect et lui redonner une dignité, lui donner une dernière demeure qui soit honorable, autre chose qu'un placard", développe-t-elle.

"Oscar va enfin entrer ans la lumière"

Lorsque le chef d'établissement interroge le rectorat de Clermont-Ferrand, celui-ci lui répond qu'aucun précédent n'a été relevé jusqu'alors, mais que ce squelette a le statut de "reste anatomique". De ce fait, pour s'en débarrasser, le lycée n'a d'autre choix que d'incinérer Oscar aux frais de l'établissement, ce qui coûterait près d'un millier d'euros au total, selon l'adjointe au gestionnaire.

La cage thoracique d'Oscar, le squelette oublié au fond d'un placard d'un lycée de Clermont-Ferrand.
La cage thoracique d'Oscar, le squelette oublié au fond d'un placard d'un lycée de Clermont-Ferrand. © BFMTV

"Il fallait compter les frais de pompes funèbres, qui nous demandaient de fournir un reliquaire pour contenir les restes, les frais d'incinération... sans compter les frais de transport et le démontage qui était obligatoire!", s'étonne-t-elle encore. "En plus, nous n'y avons pas pensé, mais il est évidemment interdit de transporter un corps ou des restes dans une voiture banalisée sans y être habilité."

Cette question éthique a été tranchée mercredi, selon nos informations. Alors que le personnel de l'établissement était en pleine réflexion, "une solution moins radicale que la crémation" est apparue: ces derniers jours, un certain nombre de curieux ayant eu vent de l'histoire par la presse locale ont contacté le lycée clermontois pour lui faire part de leur intérêt pour ce squelette.

Parmi eux, "une agricultrice qui souhaitait le récupérer pour sa collection personnelle", mais aussi un infirmier anesthésiste de Tulle (Corrèze) passionné d'histoire, Patrick Poujade, qui vient tout juste d'ouvrir un musée de la médecine au sein de l'hôpital de Tulle.

C'est cette dernière option qu'a privilégiée le lycée Jeanne d'Arc. D'ici la rentrée des vacances de Pâques, Oscar va être offert à l'hôpital de Tulle. Il devraity être restauré par des spécialistes, qui comptent s'occuper de refaire les fixations en cuivre qui étaient sur le point de lâcher.

"C'est une belle histoire", conclut Patricia Taupier-Letage, "car il va sortir de l'ombre pour entrer dans la lumière de la collection d'un musée tout récent". Avis aux amateurs: Oscar devrait être visible lors des prochaines journées du patrimoine.

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV