Carburants : le point sur la baisse des prix

Moins de 24 heures après l’annonce de Pierre Moscovici, les prix avaient comme promis baissé à la pompe ce mercredi matin. Mais aux trois centimes consentis par l’Etat s’ajoutent des efforts plus ou moins importants des distributeurs. RMC a fait le compte.

L’effort est partagé et doit se ressentir dès ce mercredi matin à la pompe : comme promis, l’essence a baissé « jusqu’à six centimes ». Et le « jusque » a son importance. Pendant trois mois, l’Etat s’est engagé à diminuer la taxe sur les carburants de trois centimes par litre. Cette baisse-là est donc assurée, mais pour les trois centimes supplémentaires, tout dépend de l’effort que veut bien ou peut fournir chaque pompiste.

« Pas de marge de manœuvre » dans le raffinage

Chez Total, par exemple, le prix sera diminué de trois centimes sur les autoroutes et de deux centimes partout ailleurs, en plus de la baisse de trois centimes de l’Etat. Impossible d’aller plus loin, en revanche, selon Philippe Boisseau, le directeur général de Total qui affirme ne pas pouvoir baisser les prix à la source en diminuant les marges sur le raffinage. « Tout le monde sait que la situation du raffinage n’est pas florissante en Europe, explique-t-il. Le secteur est aussi soumis à un contexte international, il achète du brut à des prix internationaux. Quand vous générez après impôts des marges de l’ordre d’un centime par litre, vous comprendrez qu’il n’y a pas beaucoup de marges de manœuvre ».

Carburant à prix coûtant

Chez Leclerc ou encore Système U, la baisse sera encore plus surprenante : les deux distributeurs ont promis de vendre leur carburant à prix coûtant… pendant un mois. Sans donner de prix, le représentant de Carrefour Jérôme Bédier s’est dit de son côté « très déterminé » voulant « montrer que Carrefour veut aider les Français en cette période de rentrée ».

« Il est hors de question de baisser les prix »

Mais tout le monde n’a pas la force de frappe de la grande distribution qui espère au passage faire parler d’elle et attirer de nouveaux clients. Christian Roux, le Président de la branche nationale des Propriétaires-exploitants de stations-service et distributeurs de produits pétroliers, représente les distributeurs indépendants. Et pour lui, c’est clair, « il est hors de question de baisser les prix parce qu’on n’a très peu de marge et que nous sommes des stations rurales ». C’est même un homme plutôt remonté que les journalistes d’RMC ont rencontré à la sortie de la réunion avec le gouvernement : « On vient de passer une matinée à faire une mesurette qui ne réglera aucun problème et qui donnera un pouvoir d’achat très limité aux citoyens. Le carburant n’est pas le principal problème des ménages, alors qu’on laisse les commerçants faire du commerce ». Les automobilistes devront donc se contenter du coup de pouce de l’Etat dans ces stations-service indépendantes.

Jusqu’à 15 centimes d’écart d’une station à l’autre

Si la baisse est réelle, elle est donc variée, d’une station Leclerc qui vend à prix coûtant à la petite station rurale de son village où il faut se contenter des trois centimes consentis par l’Etat. Au final, d’une station à l’autre, l’écart peut donc aller jusqu’à 15 centimes.
En revanche, pour les associations de consommateurs, le compte n’y est pas. Dans un communiqué, la Confédération générale du logement a réclamé une baisse des prix « non pas de quelques centimes, mais de manière substantielle », et exigé la pleine application des promesses du candidat Hollande, c’est-à-dire un gel temporaire des prix suivi d'une fiscalité flottante.
L'association Familles rurales avait aussi prévenu dès lundi qu'en dessous de 10 centimes par litre, une baisse des carburants n'aurait « aucun impact » sur le pouvoir d'achat. Il faudra s’en contenter : fin septembre, les stations qui vendent à prix coûtant changeront leurs tarifs. Dans trois mois, les taxes reviendront à la normale. Et en attendant, si le prix du baril continue de flamber, la hausse sera toujours ressentie à la pompe.

La rédaction avec L. Top et J. Zeghoudi