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Société

Candia : débrayages et blocage de la collecte de lait

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Les salariés de deux sites du groupe laitier Candia (Sodiaal) menacés de fermeture dans la Sarthe et l'Allier ont réagi ce vendredi, par des débrayages et en bloquant la collecte du lait, au plan de restructuration annoncé la veille par le groupe.

Parmi les trois sites du groupe laitier Candia menacés, celui du Lude dans la Sarthe, qui emploie quelque 190 salariés, est à l'arrêt depuis vendredi et les salariés ont bloqué la collecte du lait. Le site sera à l'arrêt tout le week-end en signe de protestation.

« C'est ce qu'ils disent à chaque fois »

Un comité d'entreprise, en présence du directeur général Maxime Vandoni, a eu lieu vendredi matin sur le site. Une trentaine de salariés ont occupé l'entrée du site, empêchant la collecte du lait. Ils ont installé un mannequin portant un T-shirt sur lequel figuraient un autocollant Candia et l'inscription: « Vandoni tête de mort ». « Ici cimetière Candia », pouvait-on lire aussi sur des cartons.
La direction a confirmé aux salariés la fermeture de ce site à la mi-2014. Joint par téléphone, Romain Pottier, délégué syndical du Lude, a rejeté les propositions de reclassement faites par la direction du groupe: « C'est ce qu'ils disent à chaque fois. Ils espèrent trouver un repreneur pour le site : ce ne sont que des paroles ». Il a aussi fustigé les propositions de mobilité géographique en expliquant que les salariés seront « peu à accepter d'aller travailler dans le sud de la France ».
Vendredi après-midi, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, ancien élu de la Sarthe, a rencontré des représentants du personnel au Mans. Il leur a notamment promis une rencontre avec la direction du groupe Sodiaal. « L'objectif est de revoir les questions stratégiques et d'éviter les fermetures de site », a dit M. Le Foll, assurant qu'il s'engageait à éviter la « casse sociale ». Sur le site de Saint-Yorre, dans l'Allier (106 salariés), la fermeture du site en 2013 a été annoncée vendredi matin aux salariés par le directeur adjoint de Candia, Pierre Ensch.

« 26 millions d'euros de pertes et il faut restructurer »

« On avait quelques doutes depuis septembre, mais on ne s'attendait pas à la fermeture. C'est un coup dur », a déclaré à l'AFP Maxime Sanvoisin, délégué du personnel. Les salariés ont alors décidé de procéder à des débrayages, a-t-il indiqué.
En revanche, à l'usine Marguerite de Villefranche-sur-Saône (Rhône), où l'annonce de la fermeture, prévue en 2013, a également été faite aux 23 salariés vendredi matin par un responsable de Sodiaal, il n'y a « pas de débrayage pour l'instant », selon Rik Deraeve, délégué syndical central FO chez Sodiaal. « Je peux comprendre la réaction des gens qui débrayent mais on accuse 26 millions d'euros de pertes (...) et il faut restructurer », a-t-il concédé.

La « guerre du lait »

La CFDT, dans un communiqué de sa fédération agroalimentaire (FGA-CFDT), a dénoncé le plan annoncé par Candia. « Pour les élus FGA-CFDT, cette restructuration est inacceptable, la direction doit revoir sa position. Les mauvais résultats de Candia ne sont pas du ressort des salariés », indique le syndicat, qui dénonce des « mauvais choix industriels et des erreurs de stratégie ».
De son côté, la direction du groupe explique que ces fermetures sont la conséquence de l'explosion du coût des matières premières et de la « guerre du lait » qui sévit dans la filière. La fermeture de trois des huit sites de conditionnement du groupe va entraîner une baisse des effectifs de 20%, Candia employant actuellement 1 450 personnes. En revanche, les éleveurs ne seront pas touchés. Pour les 313 personnes qui devraient perdre leur emploi, « Candia s'engage à proposer à chacun d'eux une offre de reclassement ».

La Rédaction, avec AFP