Cambriolages : une victime sur deux ne porte pas plainte

On dénombre 150 000 cambriolages en France chaque année. Or, selon une enquête de l'Observatoire de la Délinquance, une victime sur deux renonce à porter plainte.

Une victime de cambriolage sur deux renonce à aller voir la police et à faire les démarches pour lancer une enquête, selon les résultats d'une étude de l'Observatoire de la Délinquance. Dite de "victimation", celle-ci a été menée avec l'Institut National de la Statistique et des Etudes économiques, auprès de 6 500 ménages victimes de cambriolage.
Selon cette étude, 3% des ménages interrogés disent avoir été victimes d'un cambriolage, tenté ou réussi, de leur résidence principale. Plus de 40% des cambriolages ne sont pas suivis de préjudice matériels, mais souvent d'un traumatisme moral.

« Les policiers ont un peu dénigré ma demande »

Pourquoi la moitié des victimes renonce-t-elle à aller porter plainte au commissariat ? Dans certains cas, par découragement.
Claire par exemple, une habitante de Marseille âgée de 25 ans, a été cambriolée il y a six mois. Tous ses bijoux en or ont été volés. Mais elle n’a pas donné suite : « Aller au commissariat passer deux heures pour porter plainte alors que je n’ai pas le temps et que je ne verrai pas les résultats, ça ne m’importait pas trop. Je ne vois pas comment ils retrouveraient des voleurs à la sauvette qui vont faire fondre l’or dans les douze heures qui suivent ».
Pierre, lui, doute de la compétence de la police. Il s’est fait cambrioler l’été dernier, mais il raconte que les policiers a mis trois jours à venir à son domicile, après lui avoir conseillé de tout ranger. « Ils ont un peu dénigré ma demande, ça les a fait un peu sourire. En gros, j’ai cru comprendre qu’on n'était pas dans "Les Experts" ».

Des commissariats saturés

Certains syndicats de police expliquent cette résignation par la saturation des commissariats qui sont obligés de traiter les dossiers par priorité. Michel Torris, du syndicat France Police, y voit encore une autre explication : « Lorsqu’un citoyen dépose plainte et voit qu’au bout d’un an ou deux, il n’y a aucun résultat, il se dit que la police n’a rien fait. Or parfois, à l’occasion d’un coup de filet, on arrive très longtemps après les faits à élucider un cambriolage ».

Cambriolage, mode d'emploi

En règle générale, les cambrioleurs œuvrent dans des logements vides. Selon l'enquête de l'Observatoire de la Délinquance, la «confrontation entre voleur et victime est rare », surtout si l'on parle de menaces ou de violences (1,1%). Les auteurs de cambriolages n’ont été vus par les victimes que dans 10% des cas. En outre, plus de la moitié des cambriolages (56%) s'effectue en forçant la porte d'entrée, tandis que l'intrusion par les fenêtres arrive en deuxième position.

Les biens emportés sont majoritairement des bijoux (55% des cas). Viennent ensuite, dans l'ordre, le matériel hi-fi ou vidéo, l'argent, les cartes bancaires et le matériel informatique. Plus rares sont les vols d'antiquités, ou d'oeuvres d'art (5,1%), ainsi que les vols de voitures (2,2%).
Concernant les indemnités, 75% des ménages disent n'avoir eu aucune nouvelle lorsqu'ils ont entamé des démarches auprès de la police. 55% disent avoir été indemnisés par leurs assurances.

Les trois régions de France où le taux de cambriolage est le plus élevé sont l'Ile-de-France, la Haute-Normandie, la région Rhône-Alpes. Ce sont aussi les régions les plus peuplées. La Bretagne, le Limousin et la Lorraine sont les trois régions les plus épargnées. Les mois de juin, juillet et août regroupent chacun 10% des cambriolages recensés. Même chose pour le mois de décembre. En revanche, les mois de janvier et février sont les moins fastes pour les cambrioleurs.

bourdinandco