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Société

Calais: l'évacuation totale de la "Jungle" commencera lundi matin

Le camp, devenu le plus grand bidonville de France avec entre 6.400 et 8.150 migrants selon les sources, va être entièrement démantelé. Le processus commencera dimanche et se poursuivra toute la semaine prochaine.

L'évacuation totale de la "Jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France où vivent depuis 18 mois des milliers de migrants, débutera lundi à 8 heures, une opération à haut risque prévue pour durer "une semaine".

6.400 migrants selon les autorités, 8.143 selon des associations s'entassent sur ce site d'une dizaine d'hectares.

"72 heures" pour quitter le camp

La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, "a pris vendredi un arrêté d'expulsion" de tous les occupants du camp de la Lande (nom officiel de la "Jungle"), donnant "72 heures" aux "occupants sans droit ni titre" du camp pour "quitter" les lieux. Seule exception, les "mineurs étrangers isolés" qui seront "pris en charge" temporairement au centre Jules Ferry et au Centre d'accueil provisoire (CAP), deux structures en dur. L'arrêté a commencé à être affiché vendredi vers 18 heures, en plusieurs langues (il en existe au moins 9), en plusieurs points de la "Jungle", a constaté l'AFP.

Le processus de démantèlement commencera dès "dimanche après-midi", avec des tournées des services de l'immigration qui "vont s'intensifier" à l'intérieur du camp pour informer les migrants et les convaincre de partir, ont indiqué le ministère de l'Intérieur et la préfecture d'Arras. Le même jour, Fabienne Buccio rencontrera "les chefs des communautés (Afghans, Soudanais, Erythréens, les Syriens étant très peu nombreux).

En trois jours, 145 autocars pouvant emmener chacun jusqu'à 50 migrants et avec deux accompagnateurs à bord, quitteront Calais pour des centres de séjour temporaire (287 au total), dénommés Centres d'accueil et d'orientation (CAO), partout en France, où ils pourront "réfléchir à leur projet personnel" selon les autorités. Il est d'ores et déjà prévu que 60 cars prendront la route lundi, 45 mardi et 40 mercredi.

Le gouvernement veut boucler l'opération en "une semaine"

L'opération doit pouvoir être bouclée en "une semaine", espère le gouvernement. Dès mardi, des équipes de nettoyage équipées de petites tractopelles enlèveront cabanes et détritus. "L'objectif, c'est de mettre toutes les personnes à l'abri, et on fera tout pour y arriver", a affirmé un haut fonctionnaire associé de près à ce transfert massif de population, présenté comme "une opération humanitaire". Avec "7.500 places trouvées", les pouvoirs publics se sont donné "une bonne marge de sécurité", se réjouit-on au ministère de l'Intérieur.

Selon les autorités, il n'y aura "pas de contrainte sur les migrants" pour les obliger à monter dans les cars, mais ceux qui refuseraient de quitter le site s'exposeront "en dernier recours" à un placement en centre de rétention, souvent l'antichambre d'une expulsion. 

Les autorités tablent sur la coopération des associations, malgré les vives réserves d'une dizaine d'entre elles. Tous ceux qui se présenteront aux guichets de départ auront "le choix entre deux destinations, dans des régions différentes". Concrètement, les migrants seront dirigés dès le lever du jour vers "un sas". En l'occurrence un hangar loué sur un terrain de 3.000 m2, à 300 m du camp, où ils seront répartis entre les destinations possibles. Devant cet hangar, quatre files: pour les mineurs, les majeurs, les familles et les personnes vulnérables. 

V.R. avec AFP