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"Ça fait mal au coeur": ces seniors devront travailler quelques mois de plus en raison de la réforme des retraites

Des sexagénaires vont devoir travailler plusieurs mois de plus en raison de la réforme des retraites promulguée ce samedi. Ils déplorent ce départ repoussé à quelques mois de l'échéance.

Un départ repoussé. Avec l'entrée en vigueur prochaine de la réforme des retraites, promulguée ce samedi, certains seniors vont devoir travailler quelques mois de plus avant de pouvoir partir à la retraite.

Véronique, professeur de philosophie, découvre sur son simulateur en ligne la nouvelle date de son départ à la retraite. "Là c'est 2024 et je pense que d'ici quelques mois, lorsque tout sera reprogrammé, ce sera 2025", explique-t-elle à BFMTV en montrant son smartphone.

"Ça fait mal au coeur", lâche-t-elle dans un demi-sourire.

"Travailler pour juste arriver à combler ce qu'on va perdre"

Avec l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, Véronique devra travailler deux voire trois trimestres supplémentaires pour toucher le même montant de retraite.

"C'est ça qui est un peu agaçant, c'est-à-dire que l'idée d'éventuellement plus, ce n'est pas impossible dans des métiers assez agréables (...), mais c'est l'idée de travailler pour juste arriver à combler ce qu'on va perdre", déplore-t-elle.

D'autant que pour toucher une retraite à taux plein, Véronique va devoir travailler non pas jusqu'en 2025, mais jusqu'en 2029. Diplômée d'un bac + 8, cette fonctionnaire est entrée tardivement sur le marché du travail et a parfois dû être à temps-partiel pour s'occuper de ses enfants.

"Si je veux une retraite raisonnable, ce sera vers 65 ans", explique-t-elle, disant ne "pas être sûre" de se sentir en forme pour travailler jusqu'à cet âge.

Un départ repoussé d'un an

Même cas de figure pour Catherine. Cette gérante d'hôtel de 60 ans devait pouvoir partir le 31 décembre prochain, mais son départ est repoussé avec la réforme. Elle doit en effet cotiser deux trimestres de plus. Elle travaille pourtant depuis l'âge de 15 ans, mais pas d'autre choix pour la sexagénaire.

"Avec cette réforme, j'ai six mois de plus, donc je vais terminer au 30 juin 2024. Mais comme c'est à deux jours des Jeux olympiques, je vais terminer le 31 décembre 2024", explique-t-elle à notre micro.

Au total, un an de travail de plus que prévu pour la sexagénaire. Catherine prend malgré tout la situation avec philosophie. "Quand on aime son travail, (...) c'est quoi six mois dans une vie?", lâche-t-elle.

Certains projets "vont attendre un peu"

Pour François, 60 ans, la nouvelle est plus dure à encaisser. Secrétaire de direction d'un CROUS, il va devoir partir le 1er décembre 2025, au lieu du 1er mars, soit 9 mois de plus de travail.

"Au dernier moment, s'apercevoir que tous les projets qu'on avait prévus vont attendre un peu... Comme disait Woody Allen 'l'éternité c'est long, surtout vers la fin' et là on est presqu'au bout et on ajoute un peu d'échéance", s'agace-t-il.

"C'est ce qui est un peu barbant", souligne-t-il.

La réforme des retraites a été promulguée dans la nuit de vendredi à samedi après avoir été validée partiellement par le Conseil constitutionnel. Elle implique notamment le report de départ de l'âge légal de 62 à 64 ans.

Juliette Desmonceaux