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Société

"Blue whale challenge", le nouveau défi morbide des ados

Baleine bleue. (illustration)

Baleine bleue. (illustration) - AFP

Cinquante jours de défis absurdes avant de se suicider. La perspective fascine des adolescents qui se prennent à ce jeu dangereux, qui peut conduire à l'irréparable.

Le "Blue whale challenge", en français le "défi de la baleine bleue", met ses participants en danger de mort. La cible? Des adolescents influençables qui tombent sous l'emprise d'un "tuteur" qui les pousse à commettre des actes de plus en plus sordides et dangereux, jusqu'à la mort. Le mode de propagation? Les réseaux sociaux et en particulier Facebook. L'urgence? Informer les 12-16 ans et leur entourage familial et amical du danger d'une issue fatale et prévenir ce qui n'est rien de moins qu'une incitation au suicide punie par la loi. La police nationale a lancé un appel sur les réseaux sociaux.

> Comment ça marche?

Le défi reprend la pratique de "l'acte gratuit", c'est-à-dire celui commis sans motif particulier, jusqu'à l'absurde et conçu comme une preuve ultime de sa liberté. L'ensemble du challenge s'étale sur 50 jours. Au commencement, le jeune fait connaître sa volonté de participer au "Blue whale challenge" en publiant des messages accompagnés des hashtags associés: #baleinebleue, #baleinedemer, #bluewhale, #f57...

Quotidiennement, le participant doit ensuite accomplir des gestes simples qui relèvent au début davantage du registre du gage potache, que d'une véritable mise en danger. Il s'agira d'écrire un mot sur sa main, ou dessiner une "baleine sur une feuille de papier", relève Sud Ouest.

Mais ensuite, confie à RMC Justine Atlan, présidente de l'association e-Enfance, les demandes se font plus exigeantes, "comme une sorte de cap' ou pas cap', de plus en plus extrême". Il sera ainsi question de se priver de sommeil, d'insulter ses parents, de se scarifier, de se mettre au bord d'une fenêtre les pieds dans le vide... Tout va ainsi crescendo jusqu'au dernier défi, qui peut être "de se jeter d'un toit sous un train". Arrivés à un certain niveau d'emprise, certains jeunes sont tentés de passer à l'acte.

> Comment empêcher le pire d'arriver?

Pour l'instant, explique la présidente d'e-Enfance, aucun Français n'est mort de ce nouveau défi. Le Dauphiné évoque cependant un cas ambigu. Ainsi le 17 mars, un collégien de 13 ans de Reims a été retrouvé mort au domicile familial. La police a conclu à un accident lors d'un "jeu du foulard" qui a mal tourné, mais la piste du "Blue whale challenge" a aussi été évoquée.

Contre ce phénomène, il faut casser "le lien d'emprise" ,explique Justine Atlan. "Il faut expliquer aux jeunes qui reçoivent des menaces de mort, du genre: 'Je vais venir te tuer chez toi', que non, il ne va rien se passer s'ils arrêtent les défis."

Comme pour beaucoup de ces problèmes psychologiques, la communication est essentielle. "Il faut prévenir les parents, mais aussi les copains car ce sont eux qui sont le plus à même de repérer des changements dans les comportements", explique la responsable de l'association. Selon elle, le challenge de la baleine bleue a fait son apparition en France en février.

> D'où vient cette nouvelle mode morbide? 

Le "Blue whale challenge" est né en Russie, d'une légende urbaine qui voudrait que les baleines bleues soient capables de se suicider en s'échouant volontairement sur les plages. C'est le journal russe Novaya Ggazeta qui, dès novembre 2015, a révélé au grand jour l'existence du phénomène en avançant le nombre de 80 tués. Là-bas, le réseau VKontakte, un ersatz de Facebook, s'en fait le vecteur. Mais Instagram et YouTube sont aussi à surveiller.

En Russie, un seul de ces parrains ou mentors est inquiété par la justice. Philippe Boudeïkine, 22 ans, a été interpellé en novembre, rapporte Le Dauphiné. Il est soupçonné d'avoir poussé au suicide 15 adolescents. Dans une interview réalisée avant son arrestation, il affirmait avoir "juste expliqué à certaines personnes pourquoi il valait mieux mourir". "Rien de plus. Ce sont eux qui ont pris la décision, personne ne les a forcés", plaide-t-il.

David Namias