Bientôt la récession ?

Le PIB recule. Le pouvoir d'achat baisse. L'économie française va mal. François Fillon rassure. Les économistes s'inquiètent. Le pays sera-t-il en récession d'ici la fin de l'année ?

Rentrée anticipée pour les ministres du Budget et de l'Economie. Le Premier ministre les a convoqués en urgence pour une réunion de crise cet après-midi à Matigon. François Fillon, Eric Woerth, Christine Lagarde et les secrétaires d'Etat Luc Châtel (consommation), Laurent Wauquiez (Emploi), Anne-Marie Idrac (Commerce exterieur) et Hervé Novelli (PME) ont planché sur des solutions à la dégradation de la conjoncture économique du pays. Pour la première fois depuis 2002, le produit intérieur brut (PIB) recule. -0,3%, c'est le chiffre annoncé jeudi dernier par l'INSEE pour le 2ème trimestre 2008.

La France sera-t-elle bientôt en récession ?

A en croire François Fillon, non. A l'issue de la réunion, le Premier ministre s'est voulu rassurant : « Je parle de ralentissement de l'économie, pas de récession », a-t-il déclaré en conférence de presse. « C'est sur l'ensemble de l'année qu'il faut juger », a-t-il ajouté.

La Banque de France aussi pense que l'économie française devrait échapper de peu à la récession, même si la croissance du PIB ne dépasserait guère 1% cette année. Selon une enquête mensuelle de conjoncture de la BDF, la croissance de la France devrait ressortir à 0,1% au troisième trimestre 2008. De cette façon, on éviterait la récession, qui se définit comme 2 trimestres de suite de baisse de l'activité.

De leur côté, la plupart des économistes se montrent plus alarmistes, et ne prévoient pas de sortie de tunnel avant 2010. Pour Marc Guillaume, économiste et professeur à l'université Dauphine à Paris, « c'est une situation alarmante pour la France et pour l'Europe : la consommation des ménages est très affaiblie, le marché immobilier français est en quelque sorte gelé, la richesse patrimoniale des Français s'est réduite, et donc ça les incite à ne pas trop consommer, à augmenter leur taux d'épargne. On est dans une situation de récession qui est liée aussi à l'augmentation du prix du pétrole, à l'augmentation du prix des matières premières. Nous avons une balance commerciale qui se réduit, un déficit qui se creuse. Nous sommes donc victimes de la crise globale. »

La rédaction, avec Gaële Joly et Hugo Perrier