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Société

Benoît Hamon contre Manuel Valls: le choc de deux gauches, selon la presse

Benoît Hamon et Manuel Valls

Benoît Hamon et Manuel Valls - Joël Saget-AFP

La presse nationale et régionale titre largement ce lundi sur le premier tour de la primaire de la gauche qui a vu Benoît Hamon doubler l'ancien Premier ministre Manuel Valls. Et évoque une gauche "divisée" qui peine à "survivre".

Le premier tour de la primaire de la gauche fait la Une des médias ce lundi. Alors que Benoît Hamon est arrivé en tête dimanche devant Manuel Valls qu'il affrontera au second tour, de nombreux quotidiens évoquent ainsi le duel des "deux gauches".

Comme Libération qui voit le "PS écartelé. "Ce succès montre que la gauche perd son âme si elle ne convainc pas ses électeurs qu'elle veut changer la société, en dépit de toutes les difficultés du gouvernement", écrit Laurent Joffrin, éditorialiste, pour qui "le duel se déroule sur un bateau qui prend l'eau".

Le Figaro est du même avis et titre "Hamon-Valls, le choc des deux gauches".

"La victoire de Benoît Hamon ou de Manuel Valls dimanche prochain ne réglera évidemment rien pour le PS. L'un comme l'autre sont promis à une humiliante élimination au soir du premier tour et devront, d'ici là, subir les appels au désistement venus soit de Jean-Luc Mélenchon, soit d'Emmanuel Macron. Sortir ou se faire sortir", assure l'éditorialiste Paul-Henri du Limbert.

Selon lui, le résultat du premier tour est "un constat de désaccord qui montrera au grand jour la grande fracture des socialistes. Qui désormais jouent leur survie".

Le Parisien/Aujourd'hui en France voit lui aussi "le PS coupé en deux" et titre en pages intérieures: "le choc des deux gauches" et souligne "deux visions opposées et un PS fracturé."

"Décidément ces primaires auront fait beaucoup de victimes parmi les poids lourds de la politique. Après Nicolas Sarkozy et Alain Juppé balayés par la compétition à droite, c'est au tour de Manuel Valls de mettre un genou à terre face à celui qui n'était encore qu'un lointain challengeur il y a quelques semaines."

Pour L'Opinion, "c'est un fait: une majorité des votants de ce dimanche a rejeté le bilan de François Hollande", considère Nicolas Beytout.

"Et la première place du frondeur Benoît Hamon est une gifle pour le chef de l'État qui l'avait viré sans ménagement de son gouvernement. La faible participation des Français au premier tour, ce dimanche, sanctionne évidemment cet écartèlement de la gauche. Elle annonce des lendemains terribles pour le PS, et de beaux jours pour ses adversaires les plus redoutables, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon."

Selon La Croix, "les propositions (...) sont nombreuses, peut-être trop nombreuses. Elles sont souvent très "techniques", avec une surenchère de chiffres qui visent parfois davantage à semer le doute qu'à approcher d'une vérité."

Un parti socialiste qui "doit trancher une fois pour toutes entre deux lignes qui ne se rejoignent que pour des alliances d'opportunité", note Patrice Chabanet, du Journal de la Haute Marnequi évoque "une gauche sclérosée" qui "survit plus qu'elle ne vit".

Le Midi Libre évoque "la fronde Hamon" et l'avenir du PS.

"D'ores et déjà affaibli par les guérillas internes et abandonné par des caciques aux convictions chancelantes, ce candidat avancera sur un terrain à la fois miné par une incontestable poussée mélenchoniste et un insaisissable phénomène macroniste."

"Ce sont deux gauches différentes et difficilement conciliables qui vont se confronter, prévient Daniel Muraz, du Courrier picard. Deux voies pour le PS, avec le risque qu'elles soient quand même toutes deux sans issue", annonce-t-il, prévenant "une confrontation qui pourrait être rude".

"L'opposition entre Hamon et Valls s'annonce virile", assure Didier Rose des Dernières Nouvelles d'Alsace. Et prévoit un combat entre "l’utopiste" et "l'hyperréaliste". Du côté de La Voix du Nord, le quotidien régional estime que pour Manuel Valls, "cette deuxième place est la deuxième gifle d'une campagne mal partie dès le départ".

"L'ancien Premier ministre s'est lancé dans la primaire en poussant François Hollande sur la touche, persuadé que lui seul pouvait éviter une élimination du PS au premier tour en avril ; il est aujourd'hui en situation d'être éliminé au deuxième tour de la primaire de son camp... Benoît Hamon n'est pas encore le "Fillon" de la gauche mais il est bien parti avec le soutien logique du troisième, Arnaud Montebourg."

Pour Le Maine Libre, quotidien de l'Orne, "ces deux gauches-là ne sont pas d'accord sur grand-chose".

"Cette courte campagne l'a démontré. Chaque protagoniste a beau prêcher le nécessaire rassemblement, on voit désormais mal ce qui retiendra les parlementaires sortants de céder aux sirènes de la candidature Macron (…) Ce parti a usé l'argument du vote utile jusqu'à la corde et - même en son sein - beaucoup ne comprendraient pas qu'il ne se l'applique pas si nécessaire."

Le Courrier de l'Ouest évoque également une "gauche fracturée".

"Des jours difficiles pour le parti socialiste", alerte Bruno Dive, dans Sud-Ouest. Il explique: "si Benoît Hamon l'emporte, c'est le quinquennat sortant qui sera une deuxième fois désavoué par la défaite de Manuel Valls, deux mois après le renoncement contraint de François Hollande".

"Le Parti socialiste en a vu d’autres dans son histoire, mais il est mal en point", reconnaît Michel Urvoy, de Ouest-France. Et "cette cassure aura des conséquences électorales immédiates", prévient-t-il.

Jean-Claude Souléry, de La Dépêche du Midi, pense que "Benoît Hamon et Arnaud Montebourg - les deux chantres du 'tout est possible' - pourraient dimanche prochain enterrer l'idée d’une gauche modérée capable de gouverner dans la durée."

Cécile Cornudet, dans Les Echos, voit quant à elle dans la victoire au premier tour de Benoît Hamon un "besoin de renouveau qui s'exprime une nouvelle fois" et se demande si cette "surprise" peut" suffire à rallumer la lumière dans la maison PS".

C.H.A. avec AFP