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Société

Ben Jelloun : « L'identité nationale, un débat mal placé »

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Tahar Ben Jelloun, écrivain marocain, prix Goncourt en 1987 pour « La Nuit sacrée » et auteur en 1998 d’un livre qui vient d’être réédité : « Le racisme expliqué à ma fille » a ravivé le débat sur l’identité nationale avec une chronique controversée dans le Monde.

Tahar Ben Jelloun, Vous avez choisi hier de ne pas vous taire face au racisme. Vous entrez dans le débat sur l'identité nationale avec une tribune très remarquée dans le journal le Monde... En voici un extrait que vous allez commenté : « Ah s'ils pouvaient être invisibles ! Sans odeur, sans couleur, silencieux et si possible transparents. Leur religion ? Ils la pratiqueraient chez eux, sans faire de bruit, surtout repliés sur eux-mêmes. Ils n'auraient besoin ni de mosquées, encore moins de minarets, ce serait l'idéal... Des immigrés parfaits, rien ne serait dérangé dans le paysage »

« Je parle des étrangers en général et de certains Français d'origine étrangère. Mais je me suis rendu compte avec cette tribune, que l'humour et la dérision n'est pas toujours bien compris par certains. Il ya eu des réactions sur Internet... Je n'ai malheureusement pas expliqué le titre « Le minaret est tombé, on a pendu le coiffeur ». C'est un proverbe marocain qui veut dire l'absurdité... C'est tellement absurde de punir le coiffeur, de le pendre alors que ça n'a rien à voir avec ce qui est arrivé.
Au lieu de parler des vrais problèmes, -comment vivre ensemble ?- on va plutôt commencer à dire : il ne faut pas qu'il y ait de minarets, de mosquées, il ne faut pas s'habiller comme ci ou comme ça... J'aurais préféré qu'on aborde ce problème de front. Ce débat sur l'identité nationale a été très mal ouvert, très mal placé. Ça prouve une chose formidable : de plus en plus de jeunes Français ne se sentent pas concernés par l'intégration... puisqu'ils sont Français ! On intègre ceux qui ne sont pas du pays... Alors ces jeunes, ils sont Français sur le papier, mais on ne leur a pas fait sentir qu'ils sont réellement acceptés. Il y a un malentendu des deux côtés. »

Pour retrouver l'intégralité de l'interview de Tahar Ben Jelloun en podcast, cliquez ici

La rédaction-Bourdin & Co