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Société

Bataille d'intérêts commerciaux à l'ombre du Mont Saint-Michel

Le maire du Mont Saint-Michel et patron des fameux établissements de la Mère Poulard, Eric Vannier, a comparu mercredi pour "prise illégale d'intérêt", un délit que lui reproche son principal rival politique et commercial. /Photo d'archives/REUTERS

Le maire du Mont Saint-Michel et patron des fameux établissements de la Mère Poulard, Eric Vannier, a comparu mercredi pour "prise illégale d'intérêt", un délit que lui reproche son principal rival politique et commercial. /Photo d'archives/REUTERS - -

Le maire du Mont Saint-Michel et patron des fameux établissements de la Mère Poulard, Eric Vannier, a comparu mercredi pour « prise illégale d'intérêt », un délit que lui reproche son principal rival politique et commercial.

Le maire du Mont Saint-Michel et patron des fameux établissements de la Mère Poulard, Eric Vannier, a comparu mercredi pour "prise illégale d'intérêt", un délit que lui reproche son principal rival politique et commercial. Lui-même ancien maire du Mont-Saint-Michel, de 2001 à 2008, et propriétaire de plusieurs hôtels et commerces sur le Mont et à proximité, Patrick Gaulois avait porté plainte en mai 2011. Il estime que son concurrent a usé de son statut pour influencer le choix du syndicat mixte sur le point de départ des navettes qui acheminent les touristes au pied du célèbre rocher.
Situé à 900 mètres des parkings où affluent depuis avril 2012 les touristes qui souhaitent visiter le Mont Saint-Michel, le départ des navettes est également à proximité de deux établissements d'Eric Vannier, qui en possède au total une trentaine, restaurants, mais aussi hôtels, boutiques de souvenirs et petits musées historiques. Le parquet du tribunal de Coutances (Manche) a donné suite à la plainte de Patrick Gaulois.
Il estime que la participation en 2009 d'Eric Vannier au vote du syndicat mixte, dont il est aussi membre et qui pilote le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont, a été précédée par de "nombreuses actions" visant à promouvoir le lieu de départ des navettes retenu.
Devant le tribunal correctionnel de Coutances, le procureur, Renaud Gaudel, qui a requis 60 000 euros d'amende et six mois de prison avec sursis, a fait état d'un courrier d'Eric Vannier adressé aux autres membres du syndicat mixte indiquant que toute alternative au départ des navettes tel qu'il était prévu ne serait pas acceptée par la commune du Mont Saint-Michel.

102 électeurs et 3 millions de touristes

Selon le procureur, le maire du Mont, qui occupe cette fonction depuis 1983, hormis l'intérim assuré par son rival, n'aurait pas dû prendre part au vote. Eric Vannier, 60 ans, dénonce une "injustice", jugeant que le principal reproche qui lui est fait est de s'être "battu depuis 30 ans pour une organisation du projet" qui s'est révélée conforme aux souhaits de sa commune et à ceux de la grande majorité des membres du syndicat mixte. Un reproche dû selon lui au simple fait d'être à la fois maire et entrepreneur privé, ce qui entraînerait automatiquement une "prise illégale d'intérêt". En suivant cette logique, "plus personne ne pourrait être l'élu du Mont Saint-Michel", a déclaré dans un communiqué le premier magistrat d'une commune qui compte 102 électeurs et attire environ 3 millions de touristes par an.
Eric Vannier accuse également son rival Patrick Gaulois et son épouse, d'être "exclusivement inspirés par des préoccupations mercantiles", ces derniers ayant déposé un recours pour un déplacement du départ des navettes qui le rapprocherait cette fois de leurs propres commerces. Engagé depuis plusieurs années, le projet de rétablissement du caractère maritime du Mont Saint-Michel prévoit la construction d'un pont passerelle qui remplacera l'actuelle digue qui relie le Mont aux navettes sur 2 kilomètres. La décision du tribunal de Coutances a été mise en délibéré au 27 février.

P.G avec Reuters