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Barrage de Sivens: vers une suspension sine die du projet?

Des opposants au barrage de Sivens près de leurs barricades avec sur une pancarte la mention: "Carcenac (nom du président du conseil général du Tarn), il y a du sang sur ton barrage".

Des opposants au barrage de Sivens près de leurs barricades avec sur une pancarte la mention: "Carcenac (nom du président du conseil général du Tarn), il y a du sang sur ton barrage". - Remy Gabalda - AFP

INFO BFMTV - Un vote va être organisé, ce vendredi, au sein du conseil général du Tarn, afin de décider si oui, ou non, le projet du barrage de Sivens, où le jeune opposant Rémi Fraisse a trouvé la mort ce week-end, va être suspendu.

Le projet du barrage de Sivens va-t-il être suspendu? Deux jours après la mort du jeune opposant Rémi Fraisse, 21 ans, et alors que l'enquête avance, il semblerait bien.

Cette idée, avancée par le président du conseil général du Tarn Thierry Carcenac, et transmise au sénateur EELV Jean-Vincent Placé dans des propos rapportés par Europe 1 mardi soir, sera, selon les informations de BFMTV, soumise à un vote ce vendredi.

"Suspendus a minima jusqu'à vendredi", selon Placé

Le sénateur à qui il dit avoir parlé "à 17h30" affirme que Thierry Carcenac lui "a confirmé que les travaux étaient suspendus, qu'ils étaient suspendus a minima jusqu'à l'assemblée départementale du Tarn qui a lieu vendredi, et il m'a même indiqué qu'il allait demander aux conseillers généraux du Tarn de prendre la décision de suspendre les travaux sine die pour rediscuter avec l'ensemble des parties prenantes au dossier en tenant compte du rapport d'expertise qui a été diligenté par le ministère de l'Ecologie et qui est, il faut le dire, très négatif, dévastateur même".

"J'attends de voir si les financements seront maintenus", déclare Carcenac

Lors d'une interview au Monde, mardi soir, Thierry Carcenac semblait toutefois moins catégorique. Certes les travaux seront suspendus, mais cela ne semble en rien définitif. "Après ce qui s'est passé ce week-end, nous allons laisser passer un temps de latence", a-t-il, dit et expliquant qu'il "comprenait très bien l'émotion des parents" de Rémi Fraisse."Ayant moi même des enfants, je ne sais pas comment je réagirais", a-t-il concédé.

Mais pour autant, "il n'est pas possible que des gens violents imposent leur décision à tous les autres", s'insurge-t-il. Un autre problème que ceux suscités par des raisons techniques reste celui d'un financement fragile exposé par les experts dans un dernier rapport. "J'attends de voir si les financements seront maintenus en l'état", affirme-t-il, s'inquiétant des fonds devant provenir du département (10%), de la région, et de l'Agence de l'eau et du Fonds européen agricole pour le développement rural (80%).

De nombreuses annonces

Les mesures et les annonces prises à la suite de ce drame, qui constitue la première mort d'un manifestant dans l'Hexagone depuis 1986, ont été nombreuses ce mercredi.

A ce titre, alors que des traces de TNT ont été retrouvées sur les vêtements de la victime, un explosif contenu dans les grenades utilisées par les gendarmes, le ministre de l'Intérieur a décidé d'interdire l'utilisation des grenades offensives par les militaires.

Dans la même veine, le Défenseur des droits Jacques Toubon a annoncé sur notre antenne qu'il allait "s'autosaisir" du dossier.

Un vaste projet, récemment fragilisé par un rapport d'expert

Publié sur le site de la préfecture du Tarn, le rapport d'expertise critique le projet de barrage de Sivens en le jugeant surdimensionné. Il recommande de l'adapter, sans pour autant le remettre en cause.

Le projet de barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée a été reconnu d'"utilité publique" et "d'intérêt général". La chambre d'agriculture le juge indispensable pour sécuriser l'irrigation et développer des cultures à haute valeur ajoutée, telles que le maraîchage et la production de semences potagères.

Depuis le début du défrichement sur le site de 34 hectares, le 1er septembre, les opposants ont mené toutes sortes d'opérations de guérilla militante pour tenter d'empêcher la destruction d'un réservoir de biodiversité de 13 hectares de "zones humides". Pour eux, ce projet vise à satisfaire des besoins surévalués, ne bénéficiant qu'à un faible nombre d'agriculteurs.

Jé. M. et D. N.