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"Balance ton bar": en Belgique, la parole se libère sur les violences sexuelles dans le milieu de la nuit

Une discothèque (illustration)

Une discothèque (illustration) - Creative Commons

Les témoignages de femmes belges victimes d'agressions sexuelles ou droguées à leur insu se multiplient sur les réseaux sociaux via ce hashtag, gagnant peu à peu la France.

Les témoignages d'agressions ou d'abus sexuels continuent d'affluer. Après le monde du cinéma, de la musique ou du théâtre et le retentissement du mouvement #MeToo ou #Balancetonporc, le monde de la nuit est cette fois-ci sous le coup des projecteurs en Belgique. À la suite du signalement début octobre de plusieurs agressions de jeunes femmes dans deux bars de Bruxelles, le hashtag "Balance ton bar" est apparu sur les réseaux sociaux du pays, provoquant une onde de choc dans le royaume.

Au total, au moins 200 jeunes femmes ont témoigné sur Twitter avoir été victimes d'abus sexuels ou droguées à leur insu dans des bars ou discothèques de la capitale belge. Un compte Instagram a également été lancé, où, dans une cinquantaine de messages, des jeunes femmes racontent anonymement ce qu'elles ont vécu.

Dans l'un d'eux, aimé près de 2.000 fois, une femme explique avoir été victime avec une amie d'un "trou noir", probablement dû à l'ingestion d'un comprimé de GHB à leur insu alors qu'elles fréquentaient un bar bruxellois. "Mon amie a eu un accident de voiture et moi, j'ai été violée", raconte-t-elle. Elle dénonce le comportement ensuite du propriétaire de l'établissement, qui l'a qualifiée d'"alcoolo". Sa plainte a été classée sans suite par manque de preuves.

Un collectif féministe appelle au boycott des bars vendredi

Avec ce mouvement, Maité Meeus, 23 ans, à l’origine de ce hashtag, entend à la fois dénoncer les violences sexuelles dont sont victimes de nombreuses jeunes femmes dans des établissements festifs, et l'absence de soutien dont elles font régulièrement l'objet de la part des directeurs ou salariés des bars ou discothèques où ont lieu les faits.

"L’impunité dans le monde de la nuit doit cesser", clame-t-elle auprès de France Info. "Les établissements se dédouanent souvent en disant que ce n'est pas de leur faute, 'on brasse tellement de clients'. Mais la vraie question c’est: mettez-vous des choses en place pour protéger vos clientes?", explique la jeune femme. 

Pour donner de l'ampleur au mouvement, le collectif l’Union féministe inclusive et autogérée (UFIA), créé pour l'occasion, appelle dans un communiqué à une soirée de boycott des bars et à une manifestation vendredi à Bruxelles. Dans une lettre envoyée aux bourgmestres de la capitale belge, les activistes demandent des mesures politiques et appellent à identifier et sanctionner les "établissements et membres du personnel problématiques" dès qu'un signalement de violences sexuelles leur est transmis.

Ces derniers jours, le mouvement commence à gagner l'Hexagone. D'autres comptes Instagram créés pour recueillir les témoignages d'agressions sexuelles dans des bars français à Paris, Lyon ou Toulouse ont notamment vu le jour, mais ne comptant pour l'instant que peu de publications.

Juliette Desmonceaux