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Société

Bac Nord de Marseille : les policiers "gardaient tout pour eux", témoigne Tarek

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Le conseil de discipline qui examine le sort de six policiers de l'ex-BAC Nord, a voté mardi la révocation de deux fonctionnaires et un an de suspension ferme pour un troisième.

Les sanctions tombent à Marseille. Deux premiers policiers de la BAC Nord, convoqués devant le conseil de discipline, ont été exclus de la police. Un troisième a été suspendu pour un an.

Le conseil de discipline doit encore examiner trois autres dossiers mercredi.

Une vingtaine de barrettes de cannabis ont été retrouvées au domicile du premier policier condamné. Le second a reconnu avoir trouvé une sacoche contenant 540 euros et gardé l'argent "sans pouvoir expliquer son geste".

"C'était dans l'intérêt du service"

Âgés de 34 à 52 ans, les six présumés "ripoux" ont été mis en examen en octobre 2012 pour "vol et extorsion en bande organisée" aux dépends de dealers et écroués pendant deux mois et demi.

Ils maintiennent avoir agi uniquement pour obtenir des informations dans le cadre de leurs enquêtes.

Joël Dutto, père du premier policier sanctionné, et élu communiste des quartiers nord, dénonce une sanction "disproportionnée". "Je sais qu'il n'a participé à aucun trafic et ce qu'il a fait c'était dans l'intérêt du service", estime-t-il.

S'il admet que "quelques barrettes de cannabis" ont été détenues par des policiers, il juge que c'était "pour obtenir des informations" et pas dans le cadre d'un trafic.

On ne peut pas être policier et voyou en même temps"

Tarek*, un habitant des quartiers nord de Marseille, n'a pas la même vision des faits il se dit "déçu" et estime que "c'est mérité". Il a été pendant longtemps un informateur de la police et affirme avoir été témoin des pratiques des présumés ripoux de la bac Nord. "Ils ne peuvent pas avoir une double casquette", explique Tarek. "On ne peut pas être policier et voyou en même temps".

"J'ai vu des fonctionnaires de police interpeller des vendeurs avec des sacoches de shit, prendre le vendeur, le sortir de la cité, lui mettre des tartes. Ils prenaient la sacoche avec tout ce qu'il y avait dedans ils se la gardaient pour eux. Oui, je le confirme", raconte-t-il.

"Ils gardaient tout pour eux", répète Tarek, qui explique que "personne ne peut aller porter plainte, ni un veneur de shit, ni un vendeur de cigarettes".

*Le prénom a été modifié

La Rédaction avec L. Dian