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Avant son examen au Sénat, la PMA fait redescendre ses opposants dans la rue

Les anti-PMA sont redescendus dans les rues de Paris, ce dimanche, pour dire non au projet de loi bioéthique qui sera examiné au Sénat à partir de mardi.

"Liberté, égalité, paternité": 26.000 opposants à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes ont défilé dans la rue ce dimanche à Paris, selon un cabinet de comptage indépendant Occurence pour un collectif de médias dont BFMTV, à l'avant-veille de l'examen au Sénat du projet de loi bioéthique.

Cette foule rouge et verte a commencé à défiler vers 13h45 depuis le pont de l'Alma, à l'appel du collectif "Marchons Enfants!" qui réunit 22 associations dont la Manif pour tous.

"Il est où papa ? Au rayon surgelé", proclame une affiche. "Mère 1, mère 2, où est la parité?", demande une autre.

L'article 1 déjà adopté au Sénat

"PMA, GPA, on n'en veut pas", "maman tu es unique, papa, t'es fantastique" scande le cortège. Ce public familial, venu de toute la France, doit rejoindre la place de l'Opéra dans l'après-midi sous un soleil d'hiver.
"Nous sommes là pour réclamer le retrait de ce projet de loi antiéthique (...) ce qui permettra de le récrire sur des bases de fraternité, solidarité, de respect de l'être humain", a déclaré la présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, avant le départ de la manifestation.
"La PMA sans père ferait des orphelins de père", a-t-elle mis en garde, condamnant "la création d'une filiation d'intention qui ne correspond à rien".

Pour contrer ce projet de loi, première grande réforme sociétale du quinquennat, le collectif espère mobiliser au moins autant que lors de la précédente mobilisation du 6 octobre, quelques jours avant l'adoption du texte en première lecture par l'Assemblée nationale.

Ce jour-là, 74.500 personnes avaient défilé dans les rues de la capitale, selon le comptage du cabinet indépendant Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP.

Les sénateurs, qui examinent le projet à partir de mardi, ont déjà adopté le texte en commission spéciale le 8 janvier, dont l'article 1 sur la PMA, malgré l'hostilité d'une partie de la droite, majoritaire au palais du Luxembourg.

"Commercialisation du vivant"

"On a beaucoup mis en avant la PMA, mais ça a occulté l'ensemble des dérives" contenues dans la réforme, a souligné Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC).

Citant les embryons transgéniques ou chimères et la recherche sur l'embryon autorisée jusqu'à 21 jours, elle a appelé à déclarer "un état d'urgence bioéthique", estimant qu'"une ligne rouge [était] franchie".

"Tout ce qui est proposé va amener une commercialisation du vivant", a mis en garde Patrice Obert, le président des Poissons roses, une formation politique de chrétiens de gauche.

Dans les rangs des manifestants, beaucoup ont déjà manifesté contre le mariage pour tous en 2013. Comme Françoise, 79 ans, venue de Lille en car: "À partir du moment où on a accepté ça, le mariage pour tous, toutes les dérives étaient possibles".

"Le programme du gouvernement ne déviera pas"

Eric, 71 ans, venu de Calais, trouve cette loi "invraisemblable". "Elle réside dans les désirs déraisonnables, sans fondement, de minorités qui défendent des droits au détriment de l'intérêt général", explique ce cadre dirigeant à la retraite. 

Pour ce catholique pratiquant, "ceux qui nous gouvernent manquent de courage, ils ne veulent pas paraître 'réac', à la traîne. C'est nous, qui manifestons qui incarnons le progrès en défendant des choses simples, vraies et naturelles".

Et dans le cortège, les enfants se sentent déjà concernés. "Un père c'est indispensable. C'est la nature. Je suis là pour défendre les enfants", déclare Isaure, 12 ans, venue de Tours avec ses parents et trois de ses frères et soeurs.

Le collectif n'exclut pas d'autres manifestations "dans les prochaines semaines", en cas de statu quo du texte et de "non-ouverture d'un dialogue". Ce qui semble exclu, comme l'a rappelé le ministre de l'Education nationale juste avant la manifestation, sur France Inter: "Le programme du gouvernement est clair et ne déviera pas", rappelant que ce point "était dans le programme d'Emmanuel Macron". Cette semaine, l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit a qualifié de "monstrueux" le fait d'"infliger volontairement (l'absence d'un père).

Jeanne Bulant avec AFP