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Société

Autolib en ordre de bataille avec 66 Bluecar grises

Vincent Bolloré, lors de la présentation du projet Autolib, en décembre. L'industriel estime que le libre-service de voitures parisien sera rentable d'ici sept ans et qu'il lui faudra pour cela compter 80.000 abonnés. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wo

Vincent Bolloré, lors de la présentation du projet Autolib, en décembre. L'industriel estime que le libre-service de voitures parisien sera rentable d'ici sept ans et qu'il lui faudra pour cela compter 80.000 abonnés. /Photo d'archives/REUTERS/Philippe Wo - -

par Matthias Blamont et Gilles Guillaume VAUCRESSON, Hauts-de-Seine (Reuters) - Les Parisiens découvriront dimanche les 66 premières voitures...

par Matthias Blamont et Gilles Guillaume

VAUCRESSON, Hauts-de-Seine (Reuters) - Les Parisiens découvriront dimanche les 66 premières voitures électriques du service francilien d'autopartage Autolib, première étape dans le déploiement d'un dispositif visant à révolutionner la façon de circuler en ville.

Après deux mois de test grandeur nature, le service confié au groupe Bolloré sera officiellement lancé le 1er décembre, deux mois plus tard que dans le calendrier initial. Il montera ensuite progressivement en puissance, avec 250 voitures et 250 bornes d'ici la fin de l'année, puis plus de 1.100 stations hébergeant 3.000 véhicules répartis à Paris et dans 45 villes de la petite couronne parisienne d'ici la fin 2012.

"Nous voulons convaincre les gens de passer du concept consistant à posséder une voiture, à celui consistant à simplement en utiliser une", a déclaré à Reuters Morald Chibout, directeur général d'Autolib.

La "Bluecar", fabriquée en Italie avec Pininfarina - et qui n'a plus de bleu que le nom puisqu'elle sera proposée au public dans son aluminium d'origine - affiche une autonomie de 250 kilomètres pour un temps de recharge d'environ quatre heures. Mais l'usage moyen devrait être inférieur à une heure et la distance générale parcourue se compter en quelques kilomètres seulement.

Les formules proposées visent d'ailleurs à encourager les déplacements courts: à trois forfaits (annuel de 144 euros, hebdomadaire de 15 euros et quotidien de dix euros) viendront s'ajouter le prix de la location à raison de cinq à sept euros la première demi-heure, quatre à six euros la deuxième mais six à huit les suivantes.

Valentine de la Celle, la trentaine et mère de deux enfants, a le profil type du futur utilisateur d'Autolib. Domiciliée en plein centre de Paris, elle ne possède pas de voiture mais a besoin de temps à autre d'un véhicule pour de brefs trajets.

"Il faudra toutefois que le service soit rapide et simple, sinon les gens ne vont pas l'utiliser", prévient-elle.

PARI ALTERNATIF AU LITHIUM-ION

Comme pour Vélib, l'usager pourra laisser sa voiture dans une station différente de celle de départ. Mais contrairement au libre-service de bicyclettes, où l'utilisateur est livré à lui-même, le groupe Bolloré va recruter pour Autolib 1.500 "ambassadeurs" chargés d'assister les utilisateurs dans les stations et d'entretenir les véhicules. Ces dépenses représenteront l'essentiel des coûts d'exploitation évalués à 100 millions d'euros par an.

"Nous estimons qu'à partir de la septième année, ce sera rentable, et un groupe industriel comme le nôtre a l'habitude de n'avoir des rentabilités qu'au bout de six ou sept ans", a déclaré à la presse Vincent Bolloré, PDG du groupe, en marge d'une présentation du service à Vaucresson (Hauts-de-Seine), siège du PC qui suivra en permanence les mouvements des Bluecar"

L'industriel breton a ajouté qu'Autolib serait profitable dès 80.000 abonnés.

Avec une contribution publique de 50.000 euros par station, l'investissement pour la Mairie de Paris se monte à 35 millions d'euros. L'exploitant versera également une redevance annuelle de 750 euros par place de stationnement équipée d'une borne de recharge. En retour, il encaissera l'intégralité des abonnements et des recettes de location.

Grande première pour un système de libre-service de voiture de cette envergure, Autolib constitue aussi une vitrine pour les batteries Bolloré fabriquées en Bretagne dans la grande bataille du véhicule électrique qui s'annonce. Contrairement à tous les autres constructeurs qui ont choisi le lithium-ion, la Bluecar fonctionne avec une technologie radicalement différente, la batterie solide lithium-métal-polymères dérivée de l'expérience historique du groupe Bolloré dans les condensateurs.

L'utilisation au quotidien des voitures pourrait permettre de départager les deux systèmes, entre le lithium-ion plus performant mais plus fragile, et le LMP moins sensible aux variations de températures.

Présentée comme une révolution dans le monde de l'automobile, le véhicule électrique est encore largement absent de nos rues et de nos routes, mais 2012 pourrait changer la donne avec la multiplication des systèmes de recharge sur la voie publique ou dans les parkings et l'arrivée de modèles qui n'entendent pas se contenter d'une diffusion confidentielle.

Aux Peugeot Ion et Citroën C-Zéro de PSA et à la Leaf de Nissan viendront s'ajouter coup sur coup chez Renault le Kangoo en mode électrique en octobre, la berline Fluence en novembre et le quadricycle Twizy en décembre, avant l'arrivée de la Zoé, centrale dans le dispositif "zéro émission" du groupe au losange, à l'automne 2012.

Avec la contribution d'Elena Berton, édité par Jean-Michel Bélot