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Société

Arnaque dans le Rhône : faut-il faire confiance au bio ?

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Pendant plus de 2 ans, un agriculteur du Rhône, muni d’un faux certificat, a vendu sur des marchés de faux produits bio. Une plainte pour escroquerie a été déposée. Cette affaire relance le débat sur la filière bio, pas assez contrôlée, selon certains… Et vous, qu’en pensez-vous ?

Il vendait de faux légumes bio... Un agriculteur du Rhône a roulé sa clientèle pendant deux ans et demi. L'homme vendait sa production sur des marchés du Rhône et de l'Isère et dans des AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne). Ces associations de consommateurs qui s'associent à des agriculteurs locaux et mettent en relation clients et producteurs avec la distribution hebdomadaire de paniers de légumes bio. Le paysan approvisionnait près de 350 familles.

Un faux certificat d'agriculture biologique

C'est au cours d'une visite dans la ferme de l'exploitation qu'une de ces associations s'est rendu compte de l'escroquerie. La taille de l'exploitation ne coïncidait pas avec l'ampleur de sa production : environ 350 paniers de légumes pour 2 hectares de terre. Et le paysan n'a pas voulu leur montrer les lieux de stockage des légumes. En fait, l'homme avait présenté un faux certificat d'agriculture biologique, habituellement délivré par un organisme indépendant de certification.
Une plainte pour escroquerie a été déposée à la gendarmerie.

« Aux acheteurs d’être vigilant ! »

« Certainement que ce monsieur n’a pas été contrôlé », déplore Dominique Marion, président de la Fédération nationale des agriculteurs biologiques (FNAB), lui-même producteur de bovins bio en Charente-Maritime. Et pour lui, c’est parce que « le service qui contrôle aujourd’hui les fraudes a de moins en moins de moyens. C’est à ceux qui achètent les produits, d’être vigilant », conclue-t-il, militant pour un « contrôle social ».

« Le bio c’est très sérieux, contrôlé et certifié »

Mathieu Corvaisier est président de l'association des marchés bio d'Ile-de-France. Sans pour autant prôner une confiance aveugle dans le bio, il met en avant les avantages de la filière : « Continuons à consommer bio, et de plus en plus, alimentons-nous correctement. Le bio c’est quelque chose de très sérieux, qui est contrôlé et certifié par des organismes indépendants, qui eux-mêmes sont contrôlés par l’Etat. Goûtez et vous sentirez le niveau gustatif. Le produit se conserve beaucoup mieux, il y a beaucoup moins de perte. Dernièrement, on a prouvé, sur un de nos marchés, qu’on pouvait faire la différence entre produits bio et produits non bio, les yeux bandés, sans se tromper ».

« Les contrôles ne sont pas suffisant »

Gil Rivière-Wekstein est journaliste, rédacteur en chef de la revue Agriculture et environnement, auteur de Bio, fausses promesses, vrai marketing [Editions Publieur]. Pour lui, la confiance absolue n'est pas clairement possible : « On ne peut pas tout contrôler. Prenez l’exemple d’un producteur de viande : comment voulez-vous contrôler qu’une ou deux fois il ne va pas nourrir son bétail avec du fourrage qui n’est pas d’origine bio ? Comment voulez-vous contrôler un apiculteur qui achète du miel de Hongrie, très bon marché, et le met ensuite dans ses pots, prétendant que ça vient de ses ruches ? Les contrôles ne sont pas suffisant ».

La Rédaction, avec Emilie Valès