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Après les émeutes, la vie reprend à la Villeneuve

Après les émeutes, la vie reprend dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble

Après les émeutes, la vie reprend dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble - -

GRENOBLE (Reuters) - La vie semblait reprendre son cours normal mardi dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, où la présence policière se...

GRENOBLE (Reuters) - La vie semblait reprendre son cours normal mardi dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, où la présence policière se faisait discrète après les émeutes et les tirs qui ont secoué la ville depuis vendredi.

La Villeneuve a connu plusieurs nuits de violences après la mort de Karim Boudouda, tué vendredi dans une fusillade avec la police alors qu'il venait d'attaquer un casino, malgré les appels au calme de la famille du jeune homme.

Seuls quatre fourgons de CRS garés sous un pont en bordure du quartier témoignaient de la surveillance du quartier.

Les carcasses de voiture brûlées ont été enlevées.

Les incendies de voitures et les tirs à balles réelles ou les jets de projectiles divers ont laissé place, au pied des immeubles, aux parties de ballon des enfants et aux promenades de jeunes désoeuvrés à la recherche d'un coin ombragé.

Pour Jacqueline, habitante du quartier, "le calme est effectivement revenu dans la journée mais la nuit, on ne peut jurer de rien".

Elle souhaite le maintien sur place des forces de l'ordre qui garantit, selon elle, la sécurité.

Les jeunes gens qui traînent au pied des immeubles de la galerie de l'Arlequin ne sont pas de cet avis.

Pour eux, c'est la police qui provoque les incidents.

"Les jeunes, ici, ils en veulent à la police", confie Salim, tout juste majeur, qui vit la présence policière comme une provocation.

En début d'après-midi, deux frères de 20 et 23 ans interpellés dimanche matin à l'aube à la Villeneuve après avoir jeté une arme à feu par une fenêtre, sont passés devant le tribunal en comparution immédiate.

Ils sont soupçonnés d'avoir tiré sur les CRS pendant les nuits d'émeutes.

OBSÈQUES MERCREDI OU JEUDI

"Mais nous n'avions pas d'éléments pour les poursuivre pour tentative d'homicide", a indiqué Pascale Girardon, vice-procureur de la République et porte-parole du parquet. "La police scientifique n'a pas encore rendu son rapport sur l'analyse de l'arme".

Les jeunes gens sont poursuivis pour le seul fait de détention de stupéfiants.

Le tribunal a placé les deux frères sous contrôle judiciaire jusqu'au 20 octobre. Le parquet, qui avait demandé leur placement en détention, a fait appel de cette décision.

D'après la porte-parole du parquet, la mère de Karim Boudouda n'a pas porté plainte, contrairement à ses intentions.

Les obsèques du jeune homme doivent se dérouler mercredi ou jeudi dans l'agglomération grenobloise.

L'enquête de la police judiciaire se poursuit pour identifier la personne qui l'accompagnait dans l'attaque du casino et qui est en fuite depuis vendredi.

"Il n'a pas été identifié et on ne sait même pas si c'est quelqu'un du quartier", a déclaré Pascale Girardon lors d'une conférence de presse.

Des prélèvements d'ADN ont été effectués dans la voiture ayant servi à l'attaque à main armée. "Mais comme c'était une voiture volée, les traces sont nombreuses et les investigations seront longues", a expliqué la magistrate.

Le préfet de l'Isère a par ailleurs organisé dans l'après-midi à la demande du ministre de l'Intérieur qui répondait à une requête du maire de Grenoble, une réunion sur la sécurité rassemblant les représentants de l'Etat, de la ville, de la police, de la justice et des associations.

"Il s'agissait de procéder à un état des lieux de la sécurité à la Villeneuve (où) les forces de l'ordre resteront le temps qu'il faut, jusqu'à ce que l'ordre soit rétabli", a dit Albert Dupuy, préfet de l'Isère, à l'issue de la réunion.

Même si le calme semble revenu, on redoute de nouveaux débordements lors des obsèques de Karim Boudouda.

"On me dit que le soir des obsèques pourrait être un moment de tension forte", a dit Michel Destot, le député-maire de Grenoble. "On va être vigilants".

Le préfet a annoncé que la mise en place d'un dispositif de vidéosurveillance de 60 caméras, financé à 50% par l'Etat, sur l'ensemble du territoire, prévu pour l'année 2010 serait "accéléré", ainsi qu'une campagne de "lutte contre l'économie souterraine avec un aspect fiscal".

La secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Fadela Amara, devrait venir bientôt à Grenoble.

Michel Destot, qui préside l'association nationale des maires de France, a l'intention de porter le sujet de la sécurité urbaine à l'ordre du jour de la prochaine conférence des villes, le 22 septembre à l'Hôtel de ville de Paris.

Edité par Elizabeth Pineau