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Société

Antennes relais : quel danger pour la santé ?

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Pour la première fois, Bouygues Telecom a été condamné à démonter une antenne relais, au nom du principe de précaution. Le débat sur le risque sanitaire de ces installations est relancé. Explications.

Une première en France : Bouygues Telecom a été condamné mercredi 4 février par la Cour d'appel de Versailles à démonter une antenne relais dans le Rhône, à Tassin-la-Demi-Lune. C'est l'incertitude, qualifiée de « sérieuse et raisonnable », concernant l'éventuel impact sur la santé des riverains qui l'a convaincue. Bouygues Telecom devra également indemniser les 3 couples de riverains (7 000 euros chacun), qui se plaignaient du risque sanitaire représenté par des antennes relais installées depuis 2006 sur un pylône de 19 mètres de haut à proximité de leurs habitations.

« Des pathologies graves développées à proximité des antennes »

Soulagée par la décision de la Cour d'appel, Florence Lagouge explique pourquoi elle avait porté plainte contre Bouygues Telecom : « mon mari a des problèmes de sommeil et ma fille, des crises d'eczéma aigu. Ce sont des maux bénins, mais quand on se documente, on découvre des pathologies très graves développées à proximité des antennes : des cancers, des leucémies... dans des proportions que l'on n'arrive pas à expliquer. Et là, les juges ont anticipé et ont reconnu qu'on avait le droit d'avoir des doutes et d'avoir peur quand on vit près d'une antenne. »

Des antennes en sursis ?

Les avocats de Bouygues Telecom, qui craignent une jurisprudence en la matière, s'interrogent sur la possibilité d'un pourvoi en cassation. Mais l'antenne sera démontée, de toute manière. Et au lendemain de cette décision inédite, les opérateurs de téléphonie mobile ne cachent pas leur inquiétude. Ils rappellent que l'Etat les oblige à couvrir au mieux le territoire et que pour cela, ils doivent installer plus d'antennes. Actuellement, il y en a 50 000 en France. Pour Maître Louis Des Cars, avocat de Bouygues Telecom, « cette décision met non seulement en cause le développement de la téléphonie mobile - les opérateurs ont des obligations de couverture très strictes : 99% de la population nationale - mais aussi, plus généralement les autres entreprises qui utilisent la technologie hertzienne., comme la télévision ou la radio par exemple. »

Bientôt une loi pour ce « problème de santé publique » ?

Janine Le Calvez est présidente de l'association nationale Priartem, pour une réglementation des implantations d'antennes relais. Elle se réjouit de cette décision de justice, et souligne « qu'il est important de dire aux députés et sénateurs que les affaires ne pourront pas se régler en passant systématiquement par les tribunaux. Ce n'est pas un système démocratique sain. A partir du moment où cette jurisprudence existe, je pense qu'il faut s'appuyer dessus pour exiger de nouvelles normes. C'est un problème de santé publique, donc la solution est politique. »

La rédaction, avec Aurélia Manoli