Anne Sinclair promet un "HuffPost" français objectif

par Chine Labbé

PARIS (Reuters) - Anne Sinclair s'est engagée lundi à traiter l'actualité en toute objectivité dans la version française du site américain "The Huffington Post", dont elle sera la directrice éditoriale, même si cela concerne son mari Dominique Strauss-Kahn.

Près de 300 journalistes, dont 93 correspondants étrangers, se sont rendus dans les locaux du journal Le Monde pour assister au lancement de ce site qui marque le retour sur la scène médiatique de l'ancienne star de la télévision française.

Son objectivité a été au centre des questions posées à l'épouse de l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI), qui a été accusé d'agression sexuelle à New York avant de bénéficier d'un abandon des poursuites.

Mais un procès civil devrait avoir lieu aux Etats-Unis et certains de ses proches en France sont soupçonnés de l'avoir mis en contact avec des prostituées.

"Toute information importante sera traitée normalement comme elle l'aurait été ailleurs, et tout ce qui doit faire la 'une' fera la 'une'", a déclaré Anne Sinclair, 63 ans.

"Nous traiterons les informations qui tombent, je ne pense pas que ce sera l'essentiel de l'actualité de 2012, mais si ça l'était nous le traiterions comme tel", a-t-elle ajouté en référence aux éventuelles retombées de l'affaire du Sofitel.

En 1997, Anne Sinclair avait quitté l'émission politique de TF1 7 sur 7 après la nomination de son mari comme ministre de l'Economie. Un choix qu'elle a justifié lundi par les "responsabilités publiques" qu'occupait alors son mari.

"PAS DE RESPONSABILITÉ PUBLIQUE"

"Aujourd'hui mon mari n'a pas de responsabilité publique, ça ne vous a pas échappé", a-t-elle dit.

Arianna Huffington, fondatrice du site américain, a pour sa part estimé qu'Anne Sinclair "illustrait parfaitement" l'esprit du site américain d'informations, couvrant un large spectre de sujets, et conçu à la fois comme une entreprise journalistique et comme une plate-forme de débat.

"Je n'ai jamais hésité sur le choix d'Anne Sinclair", a-t-elle dit à Reuters.

Interrogée sur l'écho que pourrait avoir sa nomination aux Etats-Unis, où le silence des médias français sur l'attitude de comportement de Dominique Strauss-Kahn avec les femmes avait été fustigée suite à l'affaire de New York, elle a assuré n'avoir entendu que des réactions "extrêmement positives".

"Je pense que les femmes aiment avoir un modèle de la manière dont elles peuvent gérer les déboires de leur vie et au lieu de se retirer du monde, de se cacher, retourner sur le devant de la scène", a-t-elle estimé.

L'accord sur la création de ce site a été conclu en octobre dernier entre Le Monde, The Huffington Post Media Group et les Nouvelles Editions indépendantes, la holding de participations de Matthieu Pigasse, coactionnaire du Monde.

Lancé lundi avec une équipe réduite de 8 journalistes, il s'inspire de son grand frère américain, tout en s'appuyant sur la popularité du Post.fr, site d'informations participatif du Monde lancé en 2007 et que le "HuffPost" remplace.

Anne Sinclair ne sera pas salariée, mais intéressée aux résultats de l'entreprise, qui est détenue à 51% par AOL, à 34% par Le Monde et à 15% par les Nouvelles Editions indépendantes.

Le budget du site n'a pas été communiqué mais Matthieu Pigasse a indiqué que son objectif était d'atteindre l'équilibre en 2014.

Edité par Yves Clarisse