BFMTV
Société

Angleterre : les émeutes peuvent-elles arriver en France ?

-

- - -

"Violence gratuite" ou rejet d’un "système" inégalitaire ? Après 4 jours d’émeutes, qui continuent dans certaines villes, l’Angleterre s'interroge sur les raisons de ces violences. Celles-ci peuvent-elles faire tache d'huile et atteindre les banlieues françaises comme en 2005 ? RMC lance le débat. Donnez votre avis.

Les émeutes ne sont plus seulement l'affaire de Londres, mais de toute l'Angleterre. Les violences se sont répandues cette nuit à Birmingham, Liverpool, Nottingham... et pour la première fois à Manchester, où des centaines de jeunes cagoulés défient la police. A Londres, où 16 000 policiers ont veillé dans les rues, la nuit a été calme.
Le Premier ministre David Cameron tiendra ce mercredi matin une deuxième réunion de crise.

Le pays s'interroge sur les raisons de ces violences, les plus graves depuis des décennies. Le classe politique et la police y voient de la "violence gratuite et du vol opportuniste, ni plus ni moins". Mais les habitants des quartiers concernés et certains commentateurs les attribuent aux tensions entre les jeunes et la police, aux difficultés économiques en cette période d'austérité et aux écarts de richesse croissants. De nombreux émeutiers, qui viennent souvent de quartiers où le chômage règne, se disent marginalisés et crient leur rejet du "système".

Pillages, vitrines cassées, voitures brûlées... les rues ont des airs de zones de guérilla urbaine. Ces images qui nous parviennent de Grande-Bretagne en rappellent d’autres. Celles des émeutes de banlieue en France à l’automne 2005, après la mort de deux jeunes poursuivis par la police à Clichy-sous-Bois. Des troubles qui, à l’époque, avaient duré trois semaines.
Ces émeutes à Londres peuvent-elles faire tache d'huile et atteindre les banlieues françaises comme en 2005 ? RMC lance le débat ; donnez votre avis ci-dessous.

« Jamais l’inégalité sociale n’a été aussi forte »

Etienne Liébig est travailleur social dans le 93. Il n'en est pas sûr, mais pour lui, il existe un risque : « Je suis très inquiet ; je pense que c’est le moment de faire les bons choix aujourd’hui politiquement, si on ne veut pas que ça arrive chez nous, ce genre d’émeutes bientôt. Plus on est pauvre, plus on est victime de la crise. Tout le monde sait que ça va être très dur et tout le monde n’a pas l’impression d’avoir les armes pour se battre. Jamais l’inégalité sociale n’a été aussi forte. Les gamins de 12 ans ne sont pas d’illusion pour leur avenir, ils n’ont pas de rêves… C’est plutôt ça mon souci ».

« Les trafiquants de drogues ne laisseront pas s’exprimer une contestation »

De son côté, Kamel Hamza, conseiller municipal UMP à la Courneuve en Seine-Saint-Denis, « ne croit pas qu’on aura ce même type d’émeutes en France : en 2005, poursuit-il, il y a avait des jeunes qui sortaient. Aujourd’hui c’est plutôt des trafiquants de drogues qui tiennent le pavé. Et ils tiennent au calme et à leur territoire, ils ne laisseront pas s’exprimer une contestation. Ils sont prêts à en découdre pour pouvoir continuer leur trafic en toute impunité ».

La Rédaction, avec Eléna Le Runigo