Amiens: quand un pharmacien paie l'aménagement d'un cabinet médical pour attirer un médecin
Les déserts médicaux ne concernent pas seulement les territoires ruraux ou les petites villes. A Amiens, dans le quartier Saint-Leu, on en est bien conscient. En effet, le précédent généraliste, dont le cabinet a fermé en juillet dernier, n’a toujours été remplacé. Par conséquent, Gilles Tranchant, le pharmacien du quartier, se retrouve bon gré mal gré à faire office de médecin pour les riverains.
Sa pharmacie est même devenue un cabinet médical de substitution. Il a décrit cette situation, qui lui déplaît fortement, au Courrier Picard: "Chaque jour, une quarantaine de personnes me sollicitent faute de médecin proche".
"Je lance un appel"
Le professionnel de la santé veut mettre un terme à cette situation intenable pour lui comme pour les patients. A tel point qu’il a loué, à deux pas de sa propre officine, un local de 76 mètres carrés qui hébergeait auparavant un institut de beauté, pour le transformer à ses frais en cabinet médical flambant neuf.
Les travaux, réalisés avec l’aide de plusieurs habitants du quartier, se sont étalés du 20 juillet au 20 décembre. Aujourd’hui, à quelques retouches près, l’ancien salon de beauté est devenu un cabinet médical n’attendant plus que ses premiers patients. Il faut dire que Gilles Tranchant n’a pas ménagé ses efforts. Il y a consacré des "milliers d’heures" selon son expression, a mis la main à la poche à hauteur de 20.000 euros, embauché un pharmacien pour le remplacer sur son lieu de travail, et a payé mensuellement un loyer de 1.200 euros. En tout, l’affaire lui revient déjà à 50.000 euros. Seul manque désormais le médecin.
D’après Gilles Tranchant, cette pénurie persistante tient à l’ampleur de la tâche qui attendra le volontaire: "Ce cabinet pourrait accueillir entre 6.000 et 7.000 consultations par an. Cela décourage beaucoup de jeunes médecins. Je lance donc un appel." Il n’y a plus qu’à espérer pour les habitants du quartier Saint-Leu qu’il soit entendu.