BFMTV
Société

Amiens: quand un pharmacien paie l'aménagement d'un cabinet médical pour attirer un médecin

Photo d'une pharmacie à Paris, en 2010. (Photo d'illustration)

Photo d'une pharmacie à Paris, en 2010. (Photo d'illustration) - Flickr via Wikimedia Commons - Daniel Stockman

Depuis juillet, le quartier Saint-Leu, à Amiens, est privé de médecin généraliste. Résultat: de nombreux patients affluent dans l'officine du pharmacien local, qui doit chaque jour improviser des consultations médicales. Pour tenter de remédier à cette situation, celui-ci a payé de sa poche l'aménagement d'un nouveau cabinet médical, dans l'espoir de faire venir un nouveau médecin.

Les déserts médicaux ne concernent pas seulement les territoires ruraux ou les petites villes. A Amiens, dans le quartier Saint-Leu, on en est bien conscient. En effet, le précédent généraliste, dont le cabinet a fermé en juillet dernier, n’a toujours été remplacé. Par conséquent, Gilles Tranchant, le pharmacien du quartier, se retrouve bon gré mal gré à faire office de médecin pour les riverains.

Sa pharmacie est même devenue un cabinet médical de substitution. Il a décrit cette situation, qui lui déplaît fortement, au Courrier Picard: "Chaque jour, une quarantaine de personnes me sollicitent faute de médecin proche".

"Je lance un appel"

Le professionnel de la santé veut mettre un terme à cette situation intenable pour lui comme pour les patients. A tel point qu’il a loué, à deux pas de sa propre officine, un local de 76 mètres carrés qui hébergeait auparavant un institut de beauté, pour le transformer à ses frais en cabinet médical flambant neuf.

Les travaux, réalisés avec l’aide de plusieurs habitants du quartier, se sont étalés du 20 juillet au 20 décembre. Aujourd’hui, à quelques retouches près, l’ancien salon de beauté est devenu un cabinet médical n’attendant plus que ses premiers patients. Il faut dire que Gilles Tranchant n’a pas ménagé ses efforts. Il y a consacré des "milliers d’heures" selon son expression, a mis la main à la poche à hauteur de 20.000 euros, embauché un pharmacien pour le remplacer sur son lieu de travail, et a payé mensuellement un loyer de 1.200 euros. En tout, l’affaire lui revient déjà à 50.000 euros. Seul manque désormais le médecin.

D’après Gilles Tranchant, cette pénurie persistante tient à l’ampleur de la tâche qui attendra le volontaire: "Ce cabinet pourrait accueillir entre 6.000 et 7.000 consultations par an. Cela décourage beaucoup de jeunes médecins. Je lance donc un appel." Il n’y a plus qu’à espérer pour les habitants du quartier Saint-Leu qu’il soit entendu.

R.V.