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Amara : « Certains pensent qu'il ne faut pas investir dans les quartiers »

Fadela Amara regrette que certains rouages de l'administration freinent la mise en place de la dynamique Espoir Banlieues

Fadela Amara regrette que certains rouages de l'administration freinent la mise en place de la dynamique Espoir Banlieues - -

La secrétaire d'Etat à la Ville confirme que dans la nébuleuse des administrations et des cabinets, certains freinent sur le plan Banlieues de peur de perdre de l'argent.

Fadela Amara, vous préférez qu'on parle de Dynamique banlieues plutôt que de Plan banlieues... Y'a toujours beaucoup de travail à faire pour aider la banlieue...
A ce propos, Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, dimanche soir sur BFM TV disait : Le président de la République avait lancé un plan banlieue, dont il a répété les objectifs à Palaiseau en fin d'année dernière, pour lutter contre cette désintégration sociale. Ça n'a pas abouti parce qu'il est très difficile de faire bouger tous les conservatismes, tout l'appareil d'Etat. On voit bien que pour un certains, cet objectif n'est important. » Alors... Qui ne bouge pas Fadela Amara ?

« Henri Guaino a tout à fait raison. En son temps et en son heure, je l'avais aussi dit et dénoncé. C'est vrai qu'il y a une certaine bureaucratie, une certaine technocratie. Quand on prend une décision et qu'on la met dans les rouages administratifs, il y a un laps de temps technique... Mais après ça doit être tout de suite visible sur le terrain. Et bien c'est plus compliqué que ça ! Il faut se battre avec une sorte d'inertie... Les freins ? Des hommes et des femmes, dans des cabinets, dans des administrations qui sont concernées par la dynamique Espoir banlieues...
Un exemple : les 350 délégués d'Etat, annoncés en février 2008 par le Président de la République. En fin d'année 2008, on en avait 10 ! Y'a un truc qui va pas... j'avais un petit peu gueulé, c'est vrai. Le Président de la République avait entendu mon appel et tapé du poing sur la table quand il a fait son discours à Palaiseau, il a vraiment remis une grosse couche. Là, ça s'est accéléré... A l'heure actuelle, on est à plus de 300. Henri (Guaino) a raison : il y a dans ce pays certaines personnes, qu'on ne peut pas nommer parce que c'est dans la nébuleuse, qui pensent qu'il ne faut par investir dans les quartiers. Heureusement ce n'est ni le cas du président de la république, ni du premier ministre.»

Pourquoi certains ont-ils ce point de vue ?

« Ils font un bilan négatif... A mon avis. Je ne les ai pas consultés, vous pensez bien qu'ils ne vont pas venir me voir pour me dire qu'ils ne sont pas d'accord. La vérité, c'est qu'il y en a qui pensent, même s'ils sont minoritaires, qu'investir dans les quartiers c'est perdre de l'argent parce qu'on a vécu les émeutes de 2005.
On est nombreux et majoritaires à penser qu'il faut investir massivement dans les quartiers, notamment dans les cerveaux de la jeunesse des quartiers populaires. Nous sommes un pays vieillissant : on aura besoin de tous ces acteurs économiques, de toutes ces compétences et de tous ces talents pour sortir notre pays, juste derrière la crise, et qu'il reste un pays compétitif.»

La rédaction-Bourdin & Co