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Faut-il laisser les ados boire de l'alcool à Noël? L'alerte de la Ligue contre le cancer avant les fêtes

Selon un sondage commandé par la Ligue contre le cancer, et dévoilé ce lundi 18 décembre, 70% des personnes interrogées trouvent normal de laisser les adolescents goûter de l'alcool avant 18 ans. Un comportement dommageable pour les jeunes, alertent les addictologues.

À une semaine de Noël, l'heure est à la préparation des cadeaux, du repas, mais aussi du vin et du champagne pour célébrer la fin de l'année, avec toute la famille et parfois les plus jeunes. D'après un sondage OpinionWay commandé par la Ligue contre le cancer, dévoilé par Radio France et Libération ce lundi 18 décembre, 70% des personnes interrogées trouvent acceptable de faire goûter de l'alcool à leur enfant de moins de 18 ans. 

Emma, 14 ans, a goûté de l'alcool la première fois "à Noël l'année dernière quand (elle) avai(t) 13 ans et demi". "C'était du vin pour accompagner le repas et pour fêter. Ce n'est pas souvent, juste une ou deux fois par an", explique-t-elle au micro de BFMTV.

Un Français sur trois trouve normal qu'un jeune de moins de 15 ans goûte à l'alcool

Selon le sondage, 32% des Français pensent que les fêtes de fin d'année sont propices pour faire goûter de l'alcool pour la première fois aux jeunes, et 30% qu'il est acceptable que les moins de 15 ans y goûtent.

Charlie, maman d'une adolescente de 18 ans, met régulièrement en garde sa fille contre les dangers de l'alcool, mais assume de lui en avoir fait goûter jeune. "Ça devait être vers l'âge de 14 ans, pour fêter le soir de l'An, pour fêter la nouvelle année. Elle a juste goûté un petit peu de champagne (...) c'était un cadre contrôlé, je ne voulais pas la priver", se justifie-t-elle.

Toujours d'après ce sondage, 41% des Français pensent par ailleurs que faire goûter exceptionnellement de l'alcool est sans conséquences sur les jeunes. Un constat vivement dénoncé par les addictologues, qui pointent la vulnérabilité des adolescents.

Des parents "complices"

"À partir du moment où on rencontre une substance potentiellement addictive avant l'âge de 15 ans, on a d'autant plus de risques de perdre le contrôle. C’est un âge où le cerveau est particulièrement vulnérable à l'influence des substances psychoactives", assure Jean-Michel Delile, président de Fédération Addiction.

Pour Amine Benyamina, président de la Fédération française d'addictologie, les parents sont même "complices". "Ils sont ambivalents parce que si l'enfant est retourné ivre, ils vont réagir en tant que parents. En revanche, il y a quelque chose de l'ordre de l'étouffoir généralisé quand il s'agit d'une période de fêtes, ce qu'on ne ferait pas avec du cannabis ou du tabac", fustige-t-il, pointant l'influence des lobbys de l'alcool.

"Quand on consomme de l'alcool à 13-14 ans, même si on n'est pas dépendant, on vient perturber un système en devenir (...) on le sensibilise à ce type d'excitation qui peut faire le lit de la dépendance", ajoute-t-il.

Alors que la cinquième édition française du "Dry January" approche, 48 scientifiques et médecins ont interpellé le gouvernement, l'appelant à soutenir cette "opération positive qui consiste pour chacun (...) à s'interroger sur la place que prend l'alcool dans sa vie et à relever le défi de ne pas en consommer pendant cette période". Selon Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer, interrogé par France Inter, "l'alcool est le deuxième facteur de cancer en France", à l'origine de 28.000 nouveaux cas de cancer chaque année.

Pierre Bourgès avec Fanny Rocher