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Air cocaïne: le casse-tête diplomatique après le retour des pilotes

Pascal Fauret et Bruno Odos, les deux pilotes se sont évadés de République dominicaine.

Pascal Fauret et Bruno Odos, les deux pilotes se sont évadés de République dominicaine. - Erika Santelices - AFP

Mardi le quai d'Orsay a nié toute implication dans l'exfiltration clandestine des deux pilotes condamnés dans l'affaire "Air cocaïne". Une nouvelle phase s'enclenche pour la diplomatie française alors que deux Français condamnés se trouvent encore en République dominicaine.

Paris "a pris acte" du retour en France de Pascal Fauret et Bruno Odos. Mais le Quai d'Orsay a démenti mardi toute implication dans l'évasion des deux pilotes, condamnés en République dominicaine à 20 ans de prison pour trafic de drogue. Le ministère des Affaires étrangères n'a pas fait davantage de commentaire, mais l'affaire risque d'embarrasser la diplomatie française. Mardi soir, la justice dominicaine a annoncé un prochain mandat d'arrêt international contre les deux pilotes français. 

Si la France a pris pour usage de ne pas extrader ses nationaux, pris de cours par ce retour rocambolesque, le quai d'Orsay pourrait souffrir d'un manque de crédibilité auprès des diplomates dominicains. 

Un nouvel ambassadeur depuis septembre

Les avocats des pilotes ont ce mardi dénoncé des "dysfonctionnements" diplomatiques au début de l'affaire en 2013. Mais ces derniers mois, les services français semblaient s'être emparés du dossier. Depuis le mois de septembre, un nouvel ambassadeur avait été nommé en République dominicaine. Selon France Bleu, l'une de ses premières actions avait été de recevoir les quatre Français assignés à résidence en République dominicaine. Des entretiens qui n'avaient pas été réalisés par son prédécesseur.

Par ailleurs, la semaine dernière encore, des parlementaires qui s'étaient intéressés à l'affaire avaient été reçus au ministère des Affaires étrangères. "Nous en sommes ressortis avec la certitude que la France avait pris conscience qu'il fallait influer sur les autorités dominicaine pour qu'une justice équitable s'exerce", expliquait lundi soir Christian Kert sur BFMTV. Mais une semaine plus tard, "la République dominicaine peut légitimement se sentir humiliée", écrit sur son site Jean-Pierre Maggi, député des Bouches-du-Rhône, qui faisait lui aussi partie des parlementaires reçus au Quai d'Orsay.

Le travail diplomatique en coulisse réduit?

Tous expriment leur inquiétude pour les deux Français restés sur place. Paris a indiqué mardi que les services consulaires de la France "continuent de les assister dans l'attente de leur procès en appel". Officiellement, la France n'a pas pouvoir pour intervenir sur le déroulement de la justice dominicaine, mais le travail diplomatique qui était en cours pourrait se compliquer et la marge de manoeuvre de la France se réduire. "Les autorités dominicaines pourraient durcir les conditions du contrôle judiciaire", s'inquiète sur BFMTV Sergio Coronado, député des Français établis hors de France.

Alain Castany, encore en République dominicaine et récemment blessé a demandé son rapatriement sanitaire. "Il serait tout à fait possible que la République dominicaine ne se prête pas avec autant d'enthousiasme à cette opération", poursuit Sergio Coronado qui doit rencontrer les deux Français le mois prochain. Sur BFMTV, Nicolas Pisapia, le passager du vol, indiquait craindre d'être de nouveau incarcéré. Ce mardi, il "sollicite le soutien des autorités diplomatiques".

Carole Blanchard