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Affaire Bettencourt: Claire Thibout "maintient" ses accusations, selon son avocat

Claire Thibout, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt est mise en examen pour faux témoignage. Le 8 juin 2012 aux abords du tribunal de Bordeaux.

Claire Thibout, l'ex-comptable de Liliane Bettencourt est mise en examen pour faux témoignage. Le 8 juin 2012 aux abords du tribunal de Bordeaux. - Jean-Pierre Muller - AFP

L'avocat de l'ex-comptable de Liliane Bettencourt s'est étonné mercredi de la mise en examen pour faux témoignage de sa cliente, à quelques semaines de l'ouverture d'un procès portant sur des soupçons d'abus de faiblesse au détriment de la milliardaire. Il a aussi qualifié de "minable" l'intervention de Nicolas Sarkozy sur ce sujet.

Nicolas Sarkozy, fraîchement élu président de l'UMP, s'était étonné dimanche soir sur TF1 que "pas un média" n'ait parlé de la mise en examen, jeudi, de Claire Thibout. L'ancienne comptable de Liliane Bettencourt avait accusé l'ancien chef de l'Etat d'avoir profité, au bénéfice de sa campagne présidentielle de 2007, des largesses de la milliardaire.

Invité de BFMTV mercredi soir, l'avocat de l'accusatrice, aujourd'hui poursuivie pour faux témoignage a qualifié de "minable" cette intervention de Nicolas Sarkozy, qui participe selon lui d'un "mensonge éhonté". "Je ne sais pas pourquoi il a parlé de ça, j'estime que c'est un petit règlement de comptes à l'égard de ma cliente", a-t-il lancé. Et d'ajouter qu'en dépit du non-lieu dont a bénéficié Nicolas Sarkozy, sa cliente maintient toutes ses allégations contre lui.

Une mise en examen bien soudaine selon l'avocat

L'avocat de Claire Thibout a jugé "extrêmement troublante" la "coïncidence" qui veut que sa cliente soit mise en examen quelques semaines avant l'ouverture, le 26 janvier 2015, d'un vaste procès sur des soupçons d'abus de faiblesse dont Liliane Bettencourt aurait été victime.

Refaisant l'historique du parcours juridique de l'attestation émise en décembre 2007 par sa cliente, et aujourd'hui "suspectée d'être fausse", le défenseur explique qu'une enquête préliminaire suivie de deux instructions -dont l'une menée par un collège de trois magistrats- "n'ont rien trouvé à redire".

Il s'étonne aussi du fait que "cette mise en examen survient à la suite de la plainte de M. Banier et de M. Maistre, qui sont deux des plus belles crapules qui entouraient Madame Bettencourt et qui auront à répondre de leurs actes devant un tribunal correctionnel". "Ma cliente est écœurée et ne comprend pas cette mise en examen", insiste-t-il. En juillet 2012, François-Marie Banier avait porté plainte pour faux témoignage contre plusieurs personnes, dont Claire Thibout. Patrice de Maistre avait engagé une procédure similaire.

"Ma cliente maintient" ses accusations

Sur le fond, de l'affaire, la charge est lourde. Claire Thibout, par la voix de son conseil, maintient plusieurs faits qui corroborent à la fois ces soupçons d'abus de faiblesse, quand bien même le volet politique de l'affaire serait clos.

"Elle maintient, explique maître Gillot, l'état de santé déficient de madame Bettencourt à la fois physique et mental à partir de 2003 et plus particulièrement 2006. Elle maintient les donations faramineuses, je vous rappelle on a parlé d'un milliard d'euros, qui ont été consenties à monsieur Banier. Elle maintient les retraits d'espèces qu'elle effectuait et leur circulation dans la maison Bettencourt, y compris, pour des hommes politiques. C'est un secret de polichinelle. Et elle maintient bien entendu la somme de 50.000 euros qui a été remise à monsieur Maistre en janvier 2007 et qui était destinée, selon ses dires, à la campagne présidentielle de monsieur Sarkozy. Là-dessus, elle n'a pas varié."

Le témoignage de Claire Thibout, au service de Liliane Bettencourt de 1995 à 2008, a pesé dans cette enquête pour déterminer si son entourage avait pu profiter de l'état de vulnérabilité de la milliardaire. La suite de cette affaire fleuve s'écrira en janvier prochain à Bordeaux. En tout, près de onze personnes, en majorité mises en cause par Claire Thibout, sont renvoyées devant le tribunal correctionnel et devront répondre d'abus de faiblesse sur la milliardaire.