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A Rezé, un lotissement sera réservé aux gens du voyage

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par Guillaume Frouin REZE, Loire-Atlantique (Reuters) - Symbole de leur enracinement dans la commune, un arbre a été planté samedi sur un terrain de...

par Guillaume Frouin

REZE, Loire-Atlantique (Reuters) - Symbole de leur enracinement dans la commune, un arbre a été planté samedi sur un terrain de gens du voyage à Rezé (Loire-Atlantique), au sud de Nantes, où quatorze petites maisons HLM avec jardin vont leur être construites.

L'initiative, plutôt rare en France, vise à favoriser l'insertion de ces familles sédentarisées depuis une quarantaine d'années sur ces anciennes terres agricoles, mais aussi stopper l'installation anarchique de caravanes.

Le lotissement du "Hameau du Breuil", dont le terrassement vient de débuter, se situera face à la déchetterie de la commune, près du périphérique nantais.

Ses habitants ont obtenu des autorités de pouvoir garder leurs caravanes derrière ces maisons de location, où chacune pourra stationner sous un abri spécifique.

"On veut bien s'insérer, mais sans renoncer à notre culture", explique Esther Toquard, qui vivait ici depuis quarante-deux ans. "Chez les gens du voyage, on naît dans une caravane et on meurt dans une caravane".

"C'est sûr, ça va nous changer de vie", poursuit cette retraitée de 60 ans, mère de sept enfants. "Mon mari, lui, il appréhende de dormir entre quatre murs: il n'entendra plus le gazouillement des moineaux le matin ou le bruit de la pluie sur la caravane", raconte-t-elle.

RÉTICENCES DES RIVERAINS

La construction de ces logements sociaux réservés aux gens du voyage a mis onze ans à voir le jour. Et cela n'a pas été sans peine pour une partie de la population de Rezé.

"Chez les élus, il y a toujours des bonnes intentions pour voter un schéma d'accueil de gens du voyage, mais il n'y a plus personne dès qu'il s'agit de passer aux actes", observe Gérard Allard, adjoint (PS) au maire de Rezé en charge de l'urbanisme.

"Il faut aller affronter les riverains dans les réunions publiques, où le sujet ne fait pas l'unanimité", souligne l'élu.

La construction du lotissement s'imposait aussi aux autorités locales pour contenir l'installation "sauvage" des familles, selon lui, qui se sédentarisent de plus en plus pour des raisons de santé ou économiques.

"A une époque, notre commune rassemblait 40 % des gens du voyage de l'agglomération nantaise", poursuit Gérard Allard. "Si nous n'avions pas eu ce projet, nous aurions peut-être aujourd'hui soixante familles, et non pas quatorze".

"ILS ONT CHOISI LEURS VOISINS"

La répartition des logements entre les différents clans familiaux a également fait l'objet d'une longue concertation avec Habitat 44, l'office HLM qui va gérer le lotissement, pour prévenir les problèmes de voisinage.

"Nous avons fait en sorte que les regroupements se fassent par affinités, et que les gens choisissent leurs voisins", explique son président Xavier Amossé.

"Chez les gens du voyage, il y a en effet souvent des problèmes entre familles, c'est ça la problématique n°1", explique-t-il.

La construction du lotissement, dont les premières maisons vont sortir de terre en janvier, doit être terminée l'été prochain.

Le chemin cabossé et boueux qui y mène actuellement va être goudronné au passage, et l'éclairage public installé.

Seules des toilettes extérieures à la turque manquent au projet, déplore au final Andrea, une habitante de 36 ans.

"Chez les gens du voyage, on ne partage pas nos WC avec nos invités", explique-t-elle. "Si on n'a pas ces toilettes, alors il ne faudra pas s'étonner de voir du papier toilette dans les champs".