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Société

A Fleury-Mérogis, les surveillants croisent leurs ex-détenus sur le palier

A l'extérieur de la prison, les surveillants de Fleury-Mérogis se retrouvent nez-à-nez avec d'anciens détenus dans la cité. Malaise au sein du personnel.

A l'extérieur de la prison, les surveillants de Fleury-Mérogis se retrouvent nez-à-nez avec d'anciens détenus dans la cité. Malaise au sein du personnel. - -

A seulement 500 mètres de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), des surveillants sont condamnés depuis plusieurs années à partager la même cité HLM que certains de leurs ex-détenus. Tensions, agressions: les gardiens réclament l'éloignement des anciens pensionnaires. Mais la loi l'interdit.

A seulement 500 mètres de la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), des surveillants sont condamnés depuis plusieurs années à partager la même cité HLM que leurs ex-détenus. Tensions, agressions: les gardiens vivent de plus en plus mal la situation.
Si la majorité des logements est réservée au personnel de la prison, depuis quelques années, le logement social s'est ouvert, et accueille maintenant plusieurs ex-détenus.

Jérôme, un surveillant de la prison installé là depuis quatre ans avec sa femme, explique: « De palier à palier, les surveillants et les détenus se croisent régulièrement. Il m’est arrivé de faire la libération d’un détenu et qui habitait aux « Résidences ». Je sortais en uniforme et je tombais sur ce jeune homme. Ses regards en disaient long sur ce qu’il pensait de ma tenue et de mon travail. Ce n’est pas agréable. Et si on le recroise et qu’on a les enfants dans les bras, c’est encore moins agréable ».

« On aimerait vivre comme tout le monde »

Mais parfois, on passe de la tension à la violence. Gérard Ferjul, porte-parole du syndicat UFAP-Pénitentiaire, rapporte l’agression de collègues à l’extérieur de la prison. « C’était d’anciens détenus qui ont bien repéré qu’on était des surveillants pénitentiaires. Pour eux, nous sommes des surveillants à l’extérieur même de la prison. Mais nous, quand on sort du boulot, on aimerait vivre comme tout le monde, ce qui n'est pas possible si on vit avec d’anciens détenus ».

Il y a un mois, une réunion a eu lieu avec la préfecture et la mairie. Sans résultat pour le moment. Pour David Derrouet, maire-socialiste de Fleury-Mérogis, la situation est délicate. « Il est juridiquement discriminatoire d’interdire à quelqu’un qui sort de prison d’avoir un logement à proximité d’un agent du centre pénitentiaire. Mais c’est une question de bon sens que ces agents ne se retrouvent pas d’un seul coup en se levant le matin avec quelqu’un qu’ils gardaient la veille en prison ».