A Auschwitz, des lycéens sur les traces de déportés
Un wagon abandonné au milieu d'une étendue de neige. A quelques pas de lui, une trentaine de lycéens. Soixante-dix ans après la Shoah, la rampe d'Auschwitz est toujours aussi sinistre. Un silence de plomb l'entoure, à peine rompu par la voix de la guide. Elle explique aux jeunes français comment les déportés sont arrivés dans le camp de concentration le plus célèbre du monde. Comment les soldats allemands les sélectionnaient pour la mort ou le travail forcé. Dans le froid, tous l'écoutent attentivement. Aucun rire goguenard, comme on peut en percevoir lors des habituelles sorties scolaires. Les regards sont baissés, comme si chacun essayait de fixer la neige sans perdre une miette de cet instant de mémoire, si solennel.
"Voir en vrai, plutôt qu'en film"
Loin des cours et de la chaleur des classes d'histoire, ces lycéens ont fait le déplacement en Pologne pour tenter de comprendre la Shoah et les camps de concentration. "Je voulais voir en vrai, plutôt qu'en film ou en photo. Je pense que c'est un voyage à faire au moins une fois pour être en face et voir ce qui s'est passé", explique Noémie Zenaty, sur BFMTV.
Cette élève de première affronte aux côtés de ses camarades une journée lourde, chargée d'histoires de déportés plus difficiles à entendre les unes que les autres. Au milieu des grillages et des barbelés recouverts de neige, la guide ne ménage pas les jeunes visiteurs. Elle les emmène à travers les dortoirs où s'amoncèlent dans des vitrines les traces de la présence des déportés.
"Ca aurait pu être nous"
"Les femmes et les hommes étaient d'abord humiliés et complètement déshumanisés", détaille-t-elle. "Ils étaient rasés, ils étaient tatoués. Pour les nazis, ils sont devenus des 'Stücke'". Un terme utilisé par les SS qui signifiait "morceau" ou "pièce", réduisant les déportés au simple statut d'objet.
"C'est dur de se dire que ça aurait pu être nous et qu'on n'a rien pu faire pour arrêter ça", constate Carla Apelroit, étudiante en classe de terminale. "C'est inimaginable, ça n'aurait jamais dû arriver. Je suis -et je pense qu'on l'est tous- très émue."