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Société

3,9 millions d’euros d'indemnités de départ pour l'ex-patron de SFR

Frank Esser, l’ex-PDG de SFR, en a été remercié il y a un an pour avoir mal anticipé l'arrivée de Free.

Frank Esser, l’ex-PDG de SFR, en a été remercié il y a un an pour avoir mal anticipé l'arrivée de Free. - -

Quelques mois après l’annonce d’un plan de départs volontaires à SFR, on apprend que l’ex-PDG de l’entreprise de télécommunications a touché près de 4 millions d’euros d’indemnités de départ. Une somme que Frank Esser, remercié il y a un an pour avoir mal anticipé l'arrivée de Free, avait négocié au moment de son embauche, en 2000. Entre dépit et colère, des salariés réagissent sur RMC.

3,9 millions d'euros : c’est le montant des indemnités de départ touchées par Frank Esser, l'ancien PDG de SFR remercié il y a un an pour avoir mal anticipé l'arrivée de Free. Une information révélée hier mercredi dans un document financier de Vivendi. Un montant qui peut paraître élevé. Mais c'est ce qui était prévu dans son contrat de travail conclu en 2000. Soit, à la clé : un parachute doré de deux ans de salaire, part variable comprise. Pour couronner le tout, l'ancien président du directoire de Vivendi, Jean-Bernard Levy, qui a quitté le groupe en juin dernier, va lui aussi toucher une indemnité de 3,9 millions d’euros.
Cette annonce vient mettre de l’huile sur le feu, car en novembre dernier, la direction du groupe avait déjà annoncé plus de 850 départs volontaires.

« On trouve ça inadmissible, scandaleux »

Au siège social de l’entreprise de téléphonie, au cœur de la Défense à Paris, les salariés de SFR ont accueilli la nouvelle, entre dépit et colère. Même si ce parachute doré n’est pas une surprise, les salariés sont tous d’accord pour dénoncer cette indemnité de départ injuste : « On trouve ça inadmissible. Il y a un plan de départ qui s’ouvre, donc entendre qu’il est parti avec autant d’argent, je trouve ça scandaleux », explique une employée, tandis qu’un de ses collègues ajoute : « On vit aujourd’hui dans des entreprises si profitables, telles que SFR ou Total ou d’autres, que ces dirigeants ont déjà négocié leur prime de départ à l’embauche ; donc rien n’est surprenant ».
Des salariés qui devront se contenter de 33,33 euros de plus par mois. Une goutte d’eau, pour Olivier Lelong, délégué CFDT : « Nous venons de terminer nos négociations annuelles sur les salaires. La direction propose de les augmenter sur une base de 1% de la masse salariale, soit à peu près 4 millions d’euros pour… 10 000 salariés ».
Maigre lot de consolation : les deux dirigeants ont tout de même perdu leurs droits à la retraite

« Un échec, mais pas de sanction, au contraire… »

Pour Olivier Lelong, l’ancien PDG Franck Esser avait commis une faute professionnelle. Ce parachute doré sonne donc comme une injustice : « C’est totalement contradictoire avec la responsabilité d’un chef d’entreprise comme SFR, qui doit recueillir quelque part les fruits de ce qu’il fait. Là, il s’est trompé, et il est remercié, dans les deux sens du terme : et en quittant l’entreprise, et en touchant un très gros chèque. C’est un peu un système d’impunité, parce que quand il y a échec, il n’y a pas sanction. Un salarié qui aurait fait une bourde de la dimension de Frank Esser, aurait été licencié, purement et simplement, sans indemnité ».

J.V. avec Julien Gonzalez