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Société

2012, l'imprévisible scrutin

Vue du palais de l'Elysée à Paris. A cent jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude règne sur le paysage politique français où, malgré le statut de favori de François Hollande, toutes les options semblent ouvertes, y compris un cou

Vue du palais de l'Elysée à Paris. A cent jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude règne sur le paysage politique français où, malgré le statut de favori de François Hollande, toutes les options semblent ouvertes, y compris un cou - -

PARIS (Reuters) - A cent jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude règne sur le paysage politique français où, malgré le...

PARIS (Reuters) - A cent jours du premier tour de l'élection présidentielle, l'incertitude règne sur le paysage politique français où, malgré le statut de favori de François Hollande, toutes les options semblent ouvertes, y compris un coup de théâtre.

Un sondage OpinionWay Fiducial pour Les Echos et Radio Classique confirme que le scrutin devrait se jouer autour d'un quatuor : le candidat socialiste, le président sortant Nicolas Sarkozy, la présidente du Front national Marine Le Pen et le dirigeant centriste François Bayrou.

Les quatre prétendants sont respectivement crédités de 27%, 25%, 17% et 15% des intentions de vote - des écarts qui se resserrent.

"Il faut remonter à la présidentielle de 1981 pour retrouver un telle configuration, avec quatre candidats en position d'accéder au second tour et trois en mesure de l'emporter au second", souligne Bruno Jeanbart, directeur des études politiques et d'opinion d'Opinionway.

La route est toutefois encore longue et la démoralisation des Français, doublée d'une défiance envers la classe politique attestée par plusieurs enquêtes, jette le trouble sur l'issue possible de cette bataille politique dominée par une redoutable crise économique et financière.

En 2007, l'abstention avait atteint plus de 16% au premier tour, après avoir dépassé 28% en 2002.

La "drôle de campagne", expression utilisée par le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici, en allusion à la "drôle de guerre" de 1939-1940 où les belligérants attendaient de passer à l'offensive, ne répond pas pour l'heure aux préoccupations de 72% des électeurs, selon un sondage OpinionWay-Fiducial.

Trop de "petites phrases", trop d'"attaques personnelles", estiment 84% des personnes interrogées dans une enquête TNS-Sofres et Mediaprism.

Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, se sont promis jeudi de tout faire pour éviter les dérapages dans leur camp respectif.

LE "BLITZKRIEG" DE SARKOZY

Le chef de l'Etat, qui est le plus mal placé des présidents sortants de la Ve République selon un baromètre Ifop (66% d'opinions négatives), a opté pour une officialisation tardive de sa candidature, à l'instar de François Mitterrand en 1988.

Cette stratégie de la "blitzkrieg", qu'il devrait déclarer solennellement en février voire mars après une campagne qui ne dit pas son nom, irrite au Parti socialiste où François Hollande se garde d'abattre ses cartes trop rapidement.

"Nicolas Sarkozy est un adversaire qui a de la ressource, mais il ne faut pas non plus se faire une montagne du moment où il entrera dans la campagne", relativise Delphine Batho, l'une des quatre porte-parole du candidat socialiste.

Le député de Corrèze, qui devrait dévoiler son programme fin janvier sous le slogan "Le changement, c'est maintenant", a choisi d'égrener ses idées depuis la campagne de la primaire socialiste d'octobre au risque parfois de la cacophonie dans son équipe. Ainsi le quotient familial a-t-il été "supprimé" par ses proches avant d'être "modulé" par le candidat socialiste.

"Il faut toujours attendre que j'aie arbitré. A la fin du mois, l'ensemble du projet sera connu. D'ici là : seule ma parole compte", tente-t-il de trancher dans un entretien paru vendredi dans 20 Minutes.

UNE SURPRISE N'EST PAS EXCLUE

Dans cette guerre de tranchées, Nicolas Sarkozy a entrepris de tirer systématiquement le premier en multipliant les annonces de réforme : TVA sociale, taxe Tobin, réforme du travail, initiatives attendues sur le logement, la formation.

"Compte tenu de l'écart dans les sondages et du mode de fonctionnement de Sarkozy, s'il ne prend pas de risque, il tombera. Il doit alimenter la machine", explique un ministre.

Le Premier ministre François Fillon a appelé une majorité circonspecte à faire bloc derrière le président de la République, qui, situation inédite, briguera un deuxième et dernier mandat.

"Le favori, c'est François Hollande, le challenger, l'outsider, c'est le président sortant, c'est une situation inhabituelle", relève Gaël Sliman, responsable du département opinion de l'institut BVA.

Dans un roman-fiction intitulé "Panique à l'Elysée", l'ancien porte-parole de l'UMP Dominique Paillé, rallié à Jean-Louis Borloo, prédit un second tour entre Marine Le Pen et François Bayrou.

La présidente du FN et le dirigeant du Mouvement Démocrate se disputent le rôle d'arbitre.

Marine Le Pen s'accroche à sa troisième place dans la course à la présidentielle en se présentant comme un bouclier pour la "France qui souffre", avec un score élevé (entre 17% et 21,5%) qui inquiète une partie de la classe politique.

Le scénario d'un 21 avril 2002 "bis" n'est pas écarté. Le candidat socialiste Lionel Jospin avait alors été éliminé au premier tour au profit du candidat FN Jean-Marie Le Pen, qui avait affronté le président sortant Jacques Chirac au second tour.

"Marine Le Pen développe sur la crise un discours très national, ce qui lui permet de se distinguer fortement des autres candidats et de gagner en visibilité notamment parmi les catégories populaires", souligne Damien Philippot de l'Ifop.

François Bayrou, "troisième homme" du scrutin de 2007 avec 18,57% des voix, progresse dans les intentions de vote (15%) avec la victoire pour horizon rêvé.

Le député des Pyrénées-Atlantiques occupe l'espace du Centre faxe aux candidatures d'Hervé Morin (Nouveau Centre) et de Dominique de Villepin (République solidaire) qui rencontrent peu d'écho, entre 1% et 2% des intentions de vote.

De fait, les "petits candidats", qui pour certains éprouvent des difficultés à réunir les 500 parrainages nécessaires, tentent de se faire une place dans la campagne.

Le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, est crédité d'environ 6% des intentions de vote, la candidate écologiste Eva Joly (autour de 3%) ne décolle pas.

Derrière eux tentent d'exister la présidente du Parti chrétien-démocrate Christine Boutin, qui peine à obtenir ses 500 signatures, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), Corinne Lepage (Cap 21), Frédéric Nihous (Chasse, Pêche, Nature, Traditions), Jean-Pierre Chevènement (Mouvement républicain et citoyen), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) et Philippe Poutou (NPA).

Sophie Louet avec Service France, édité par Yves Clarisse