BFMTV
Sciences

Xynthia a fait 47 morts, début de polémique

La Rochelle. Le bilan provisoire de la tempête Xynthia passée dans l'ouest de la France dimanche est de 47 morts /Photo prise le 28 février 2010/REUTERS/Brigade des pompiers/Sylvain Roussillon

La Rochelle. Le bilan provisoire de la tempête Xynthia passée dans l'ouest de la France dimanche est de 47 morts /Photo prise le 28 février 2010/REUTERS/Brigade des pompiers/Sylvain Roussillon - -

PARIS - Le passage de la tempête Xynthia sur la France dimanche, qui fait 47 morts selon un dernier bilan provisoire, suscite un début de polémique...

PARIS (Reuters) - Le passage de la tempête Xynthia sur la France dimanche, qui fait 47 morts selon un dernier bilan provisoire, suscite un début de polémique sur d'éventuelles responsabilités dans les constructions en bord de mer.

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a déclaré lundi matin que le bilan de 47 morts pouvait s'alourdir.

"Les pompiers sont en train d'effectuer des visites maison par maison, donc, malheureusement, ce bilan peut sans doute encore s'alourdir", a-t-il dit sur France Info.

Les secours étaient à l'oeuvre lundi matin notamment dans les départements de Charente-Maritime et de Vendée, où ont été recensées la grande majorité des victimes.

La rupture de digues sur la façade Atlantique a entraîné de multiples noyades dans les habitations, souvent sans étage, situées dans des lotissements construits à proximité de la mer.

La catastrophe est imputée par plusieurs ministres et par les autorités officielles à la conjonction présentée comme exceptionnelle, voire historique, de trois phénomènes: des vents très violents allant jusqu'à 160 km/h, des marées très fortes et une dépression qui a accentué encore la montée des eaux.

Selon les témoins, cette montée brutale s'est produite en quelques minutes, en pleine nuit de samedi à dimanche et a surpris les victimes dans leur sommeil.

Météo France avait lancé dès vendredi un bulletin d'alerte rouge, une démarche rarissime, sur les départements concernés.

Aucune mesure d'évacuation ne semble pourtant avoir été décidée dans les communes proches de la mer, où les habitants, souvent âgés, ont été surpris dans leur sommeil.

LE BILAN POURRAIT S'ALOURDIR

Une commune, celle de l'Aiguillon-sur-Mer, en Vendée, semble avoir concentré l'essentiel des victimes de ce département et même de France, puisque 25 corps y ont été retrouvés.

Les secours doivent aussi faire face à un afflux de sinistrés hébergés dans des gymnases, ainsi qu'à des blessés.

Selon Béatrice Lagarde, sous-préfet des Sables-d'Olonne (Vendée), 35 personnes souffrant de blessures nécessitant une hospitalisation ont été évacuées.

L'autre département le plus touché, la Charente-Maritime, a vu son bilan s'alourdir pendant la nuit à huit morts et deux disparus, selon le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau, également président du conseil général du département. Deux corps ont été retrouvés dans la nuit dans la commune d'Aytré, dit-on à la préfecture.

LE PROBLÈME DES DIGUES

Quelques 500.000 foyers restaient privés d'électricité lundi matin, selon ErDF, filiale d'EDF, dont le PDG Henri Proglio a promis un retour à la normale dans "quelques jours".

Le Premier ministre, François Fillon, a parlé de "catastrophe nationale" dès dimanche soir et une aide d'urgence exceptionnelle d'un million d'euros a été annoncée.

Le président Nicolas Sarkozy est attendu dans la journée de lundi sur place avec plusieurs ministres et il pourrait y annoncer d'autres mesures.

L'arrêté de catastrophe naturelle, décision politique nécessaire aux indemnisations et à la prise en charge des dégâts des inondations par les assurances, sera pris très rapidement, a confirmé lundi Dominique Bussereau sur RTL.

Ce dernier a nié tout dysfonctionnement de l'Etat. "Très honnêtement, le préfet de la Charente-Maritime, qui est l'ancien directeur de la sécurité civile, avait fait tout ce qu'il fallait, les gens étaient prévenus", a-t-il dit.

Son opposante socialiste Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, à qui il est opposée pour le scrutin régional en mars, s'est refusée aussi à toute critique de l'action préventive de l'Etat.

Elle a estimé que la conjonction de phénomènes météorologiques était imprévisible, ajoutant qu'il était facile de "porter des accusations après coup".

Elle a cependant estimé qu'il fallait tirer les leçons.

"Il va falloir reconstruire des digues suffisamment puissantes, solides et hautes. Elles sont très anciennes, n'étaient peut-être pas faites pour supporter un tel choc. Il faut maintenant en tirer les conséquences", a-t-elle dit.

Le président du conseil général de Vendée Philippe de Villiers a estimé que le problème n'était pas là.

"Sur le moyen terme, il faut construire autrement sur la côte, partout en France. L'Etat impose des normes qui sont respectées par les maires le plus souvent mais qui ne sont pas assez sévères", a-t-il sur France info.

"Partout où la terre est au niveau de la mer, il est prudent de construire plus loin", a estimé Philippe de Villiers.

Thierry Lévêque, avec Claude Canellas et Guillaume Frouin, édité par Yves Clarisse