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Vieillissement: un chercheur a mesuré l'âge exact de nos cellules

Extraction d'ADN en laboratoire. (illustration)

Extraction d'ADN en laboratoire. (illustration) - -

Comme le talent, les cellules n'attendent pas forcément le nombre des années. Ce qui n'est malheureusement pas une bonne nouvelle. Une étude publiée lundi par un généticien californien a montré que le vieillissement des cellules n'est pas toujours corrélé avec l'âge des sujets.

Dira-t-on bientôt qu'on a, non plus l'âge de ses artères, mais celui de ses cellules? L'étude du généticien et statisticien Steve Horvath publiée le 21 octobre dans la revue Genome Biology va dans de ce sens. Le but de ce scientifique de l'Université de Californie Los Angeles était de mesurer avec précision l'âge des cellules d'une personne, et de voir s'il existe une corrélation avec son état civil ou si, au contraire, des différences majeures émergent.

La nouveauté tient à la méthode utilisée pour calculer cet âge en utilisant non pas la mesure de la longueur des chromosomes (qui s'amenuise au fil des ans par amputations successives de leurs extrémités appelées télomères), mais en évaluant la manière dont les gènes s'expriment, notamment à travers des dépôts qui viennent se fixer sur l'ADN. Ces accumulations moléculaires sont appelées groupes méthyles, le phénomène lui-même étant appelé "méthyliation". La méthode permettrait d'évaluer l'âge des cellules avec une précision de l'ordre de 96%.

Tous les organes ne vieillissent pas à la même vitesse

Pour arriver à ses fins, Steve Horvath a examiné des 351 marqueurs ADN issus de 8.000 échantillons, couvrant 51 types de cellules différents, eux-mêmes issus d'organes distincts, cerveau, reins, foie… Et en a tiré les principes suivants. Premièrement, les quantités de groupements méthyles fixées sur l'ADN croissent avec l'âge. Pratiquement absents chez l'embryon, ils croissent d'une manière différenciée pendant la vie d'un individu: rapidement pendant l'enfance, puis de manière plus constante, mais aussi plus modérée à l'âge adulte. Deuxième observation, le taux de méthyliation mesuré est d'autant plus important que la cellule en question s'est divisée et a donc vieilli.

La première et fascinante observation tirée de cette étude est que les organes humains ne vieillissent pas tous au même rythme. Ainsi, chez l'homme, les cellules de l'estomac, des muscles et des poumons, vieillissent 20% plus vite que celles de la prostate ou de la rate. Chez la femme, les tissus mammaires vieillissent 20% plus vite que ceux de l'épiderme ou des poumons. Quant aux fameuses artères, sachez qu'elles vieillissent un peu plus vite que la moyenne des autres cellules.

Vers un outil de prédiction performant du cancer?

Le chercheur a ensuite appliqué le protocole de mesure du vieillissement cellulaire à 6.000 échantillons de tissus cancéreux, couvrant une vingtaine de types de cancers différents. Là aussi, la méthyliation et la division cellulaire induite ont parlé: ces cellules seraient en moyenne plus vieilles de 36 ans que le sujet lui-même.

Cette différence peut s'expliquer par le comportement des cellules cancéreuses dont le processus de division est déréglé et qui entre dans un processus de prolifération anarchique. A partir de là, de nouvelles méthodes de prédiction de la malignité des cellules, autrement dit de leur caractère cancéreux, pourraient voir le jour.

David Namias