BFMTV
Sciences

Vers l'éradication du frelon asiatique?

Un frelon asiatique femelle.

Un frelon asiatique femelle. - Guillaume Souvant - AFP

Des chercheurs de Tours ont découvert une espèce parasitoïde qui pourrait tuer les reines à la tête des colonies de frelons asiatiques. Les scientifiques sont désormais sur la piste d'un piège sélectif pour venir à bout de cet insecte prédateur des abeilles.

Le frelon asiatique, une espèce invasive qui menace les ruchers européens, pourrait être éradiqué grâce aux travaux de chercheurs tourangeaux, un espoir pour les apiculteurs français qui tiendront leur 20e congrès du 10 au 12 octobre à Colmar (Haut-Rhin).

Éric Darrouzet, enseignant-chercheur à l'Institut de recherche sur la biologie de l'insecte (IRBI) de l'Université de Tours, observe grâce à une loupe binoculaire un cadavre de l'ennemi. A l'aide de micro-pinces de dissection, il extrait un parasite qu'il plonge immédiatement dans un tube rempli d'éthanol. "L'éthanol permet de conserver son ADN", explique le chercheur.

Une espèce parasitoïde prometteuse

C'est en procédant de la sorte qu'il a découvert avec son équipe le Conops vesicularis, une espèce parasitoïde, sorte de petite mouche qui pond son oeuf au printemps sur des reines frelons. "L'oeuf éclôt, et la larve, comme 'l'Alien' du film, va se développer dans l'abdomen de son hôte, ce qui va entraîner au bout de dix ou quinze jours la mort de la reine". Cette découverte est essentielle car si ce parasite tue la reine, la colonie entière ne lui survit pas.

Les chercheurs peuvent désormais imaginer mettre au point un système de lutte biologique contre le frelon asiatique. "Il faudra des années pour démontrer que ce parasitoïde a une préférence pour le frelon asiatique et qu'il n'entraînera pas de dégâts collatéraux sur les abeilles, les bourdons et les guêpes", tempère néanmoins Éric Darrouzet qui travaille aussi sur plusieurs types de pièges. "Un des buts de notre projet est la fabrication d'un piège sélectif. Il pourrait être mis à la disposition des professionnels de l'apiculture et des amateurs pour protéger leurs ruchers", explique-t-il.

Plus de 70% de la France colonisés

Éric Darrouzet reste discret sur les avancées de ses recherches. Avec son équipe, il travaille sur l'architecture d'un piège pour qu'il soit plus sélectif, malgré l'utilisation d'un appât non sélectif. "Un prototype est déjà à 99% sélectif. Fin 2015, nous devrions avoir un piège sélectif disponible", prédit-il. Un appât lui-aussi sélectif pourrait également voir le jour. "On veut remplacer les appâts alimentaires à base de sucre et de protéines par un appât phéromonal (ndlr: issu d'une sécrétion externe produite par un organisme) à base de molécules volatiles émises par les frelons. On teste actuellement ces molécules isolées en laboratoire. On le fera dès l'année prochaine sur le terrain. L'objectif est de labelliser et de faire breveter ces pièges. Mais il nous faudra pour ça des finances", prévient le chercheur.

La vespa velutina, communément appelée frelon asiatique, est arrivée en France il y a une dizaine d'années. "Cette espèce pose de gros soucis car elle se nourrit de nombreux insectes, dont les abeilles. C'est une catastrophe pour les apiculteurs. Mais aussi pour la biodiversité, car ce prédateur généraliste chasse divers insectes. De plus, sa piqûre peut être mortelle", expose le scientifique. Plus de 70% du territoire français sont colonisés: c'est dire si les apiculteurs français seront intéressés par l'exposé que fera Éric Darrouzet à leur 20e congrès à Colmar.

V.R. avec AFP