Unesco: la grotte Chauvet bien placée pour être classée

Bien plus grande que Lascaux, la grotte Chauvet, en Ardèche, a toutes ses chances d'intégrer le patrimoine mondial de l'Unesco. La chaîne des Puys, en Auvergne, est aussi candidate, mais elle est, pour l'heure, moins bien placée.

Plus de mille dessins. L'impressionnant bestiaire laissé par l'homme de Cro-Magnon dans la grotte Chauvet il y a 36.000 ans en Ardèche est présenté depuis dimanche au comité de l'Unesco en vue d'un classement au patrimoine mondial. Sont concurrents aussi les volcans endormis de la chaîne des Puys en Auvergne.

Le 18 décembre 1994, trois spéléologues font une découverte incroyable sur un plateau calcaire du sud de l'Ardèche: une immense grotte ornée des plus anciennes peintures connues à ce jour.
Datant de 36.000 ans, elles sont l'oeuvre d'hommes et de femmes de culture aurignacienne, qui ont dessiné sur la roche un bestiaire riche de 435 représentations montrant 14 espèces: ours, rhinocéros laineux, lion, lionne, panthère, bisons... Au sol demeurent de vraies traces de pattes d'ours, de deux fois la taille d'une main humaine, et d'innombrables ossements de ces animaux féroces qui y hibernaient.

Un avis défavorable pour les Puys

Bien plus grande que Lascaux, exceptionnellement conservée depuis qu'un éboulement de rochers en a fermé l'accès il y a 20.000 ans, la cavité compte plusieurs salles et galeries. En mars, le Conseil international pour les sites et monuments (Icomos) a estimé que le site répondait à "toutes les exigences requises". Une réplique doit ouvrir au public en 2015.

Début mai, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une ONG mandatée par l'Unesco, a remis en revanche un rapport très défavorable sur la candidature de la chaîne des Puys, dénigrant un paysage "pas exceptionnel" et des phénomènes géologiques "dépassés en importance par de nombreux autres".

Les Auvergnats mobilisés

Autre handicap selon l'ONG, la multiplication des propriétaires publics et privés qui se partagent le site. Mais l'initiateur du projet et président du conseil général du Puy-de-Dôme, Jean-Yves Gouttebel, reste optimiste, soulignant qu'"on a déjà vu des sites aujourd'hui inscrits au patrimoine mondial qui avaient eu un avis défavorable de l'UICN", qui n'est "que consultatif"."Nous avons aussi reçu des courriers de scientifiques d'organismes internationaux très puissants qui sont allés à contre-courant des conclusions de l'UICN", assure-t-il.

Agée de 95.000 à 8.400 ans, la chaîne des Puys est un ensemble très récent de 80 sommets très peu érodés, regroupant sur 242 kilomètres carrés toutes les formes de volcanisme. En forme de cône, de dôme ou de maar, ces jeunes volcans couverts de verdure sont considérés comme "endormis": il n'est pas exclu qu'ils se réveillent un jour. Le 8 juin, mille personnes ont formé une chaîne - humaine, celle-ci - au sommet du Puy de Dôme pour soutenir la candidature auvergnate.

A. D. avec AFP