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Un vaste lac d'eau sous forme liquide découvert sur Mars

L'Agence spatiale italienne a annoncé mercredi que son radar Marsis avait détecté un lac d'eau d'environ 20km de large sous une couche de glace martienne.

Un vaste lac souterrain a été découvert pour la première fois sur Mars, où jamais un tel volume d'eau liquide, condition indispensable au développement de la vie, n'avait encore été trouvé, a annoncé ce mercredi l'Agence spatiale italienne.

Situé sous une couche de glace martienne, au pôle sud de la planète rouge, le lac fait environ 20 km de large et laisse envisager la présence de davantage d'eau, voire de vie, sur la planète rouge, selon un article publié dans la revue américaine Science.

"Il y a de l'eau là-bas. Cela ne fait plus aucun doute", a déclaré lors d'une conférence de presse l'un des coauteurs de l'étude, Enrico Flamini, responsable de la mission Mars Express de l'Agence spatiale italienne.

C'est le radar Marsis, embarqué sur la sonde spatiale Mars Express, de l'agence spatiale européenne (ESA), qui a permis de collecter les données nécessaires à cette découverte sur une période de trois ans et demi. Le radar envoie continuellement des ondes électromagnétiques de basse fréquence vers la planète.

Elles permettent d'explorer son sol et son sous-sol sur plusieurs kilomètres de profondeur et sont ensuite réfléchies vers la sonde, rapportant de nouvelles informations au radar, résume Wired. Les ondes tendent en effet à être réfléchies plus intensément sur une surface glacée. 

"Le profil radar de cette zone est similaire à celui des lacs d'eau liquide trouvés sous les couches de glace de l'Antarctique et du Groenland sur Terre, ce qui laisse penser qu'il existe un lac subglaciaire à cet endroit sur Mars", détaille l'étude. Les astronomes disent ne pas être certains de la profondeur du lac, mais l'estiment à environ un mètre.

Trois ans et demi d'observations

Le radar ne survolant pas constamment le pôle sud de Mars, il a fallu pas moins de 29 observations afin d'arriver au résultat annoncé ce mercredi, relève le magazine américain. 

"C'est un résultat stupéfiant qui laisse penser que la présence d'eau sur Mars n'est pas seulement un ruissellement temporaire révélé par de précédentes découvertes, mais une masse d'eau permanente qui crée les conditions pour de la vie sur une période de temps prolongée", a commenté Alan Duffy, professeur associé à l'université de Swinburne (Australie), qui n'a pas participé à l'étude.

"Je ne peux pas irrévocablement prouver que c'est de l'eau, mais je ne peux certainement pas imaginer que quoique ce soit qui ressemble à ça soit autre chose", réagit dans les colonnes de Wired Richard Zurek, responsable scientifique du programme pour Mars du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, qui n'est pas lié à l'étude.

"Peut-être que je manque d'imagination, mais c'est probablement lié à un manque de données aussi", nuance-t-il toutefois, soulignant que de futures observations pourraient soulever de nombreuses questions - ou apporter d'autres explications. 

La présence éventuelle de vie sujette à débat

La présence d'une éventuelle forme de vie microbienne au sein du lac est sujette à débat. Certains experts se montrent sceptiques sur ce point, estimant que le lac est trop froid et saumâtre et contient une forte dose de sels et de minéraux martiens dissous.

La température est probablement en-dessous du point de congélation de l'eau pure, mais le lac peut rester à l'état liquide en raison de la présence de magnésium, de calcium et de sodium.

"C'est une découverte d'une portée extraordinaire, susceptible de renforcer les hypothèses quant à la présence d'organismes vivants sur la planète rouge", estime Fred Watson de l'Observatoire astronomique australien, qui n'a pas participé à l'étude. "Il faut néanmoins rester prudent car la concentration de sels nécessaire au maintien de l'eau à l'état liquide pourrait être fatale à toute vie microbienne similaire à celle sur Terre", ajoute-t-il. 

La planète Mars est désormais froide, désertique et aride, mais était auparavant chaude et humide et abritait une large quantité d'eau liquide et de lacs il y a au moins 3,6 milliards d'années.

L'astronaute canadien Chris Hadfield a partagé sur Twitter cette réflexion: "Sur Terre, là où il y a de l'eau, il y a de la vie. Il se peut que nous ne soyons pas seuls".
Liv Audigane, avec AFP