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Un maire conteste la liste des destructions après Xynthia

Jean-François Faget, le maire de Charron, en Charente-Maritime (ici à droite, lors de la visite de Nicolas Sarkozy dans sa commune à la fin mars) ne compte pas signer les arrêtés d'interdiction d'accéder et d'habiter les 150 à 180 maisons vouées à la dest

Jean-François Faget, le maire de Charron, en Charente-Maritime (ici à droite, lors de la visite de Nicolas Sarkozy dans sa commune à la fin mars) ne compte pas signer les arrêtés d'interdiction d'accéder et d'habiter les 150 à 180 maisons vouées à la dest - -

BORDEAUX - Le maire de Charron, commune de Charente-Maritime parmi les plus touchées par la tempête Xynthia, a annoncé vendredi qu'il ne signerait...

BORDEAUX (Reuters) - Le maire de Charron, commune de Charente-Maritime parmi les plus touchées par la tempête Xynthia, a annoncé vendredi qu'il ne signerait pas les arrêtés d'interdiction d'accéder et d'habiter les 150 à 180 maisons vouées à la destruction dans sa municipalité.

L'Etat a décidé de raser plus 1.500 maisons en Vendée et en Charente-Maritime dans des zones jugées à risque après les inondations des 27 et 28 février.

Dans une interview à l'édition de samedi du Journal du dimanche, le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot, assure pourtant que l'Etat ne reviendra pas sur la "zone noire".

"Cette cartographie ne bougera pas", dit-il, soulignant que l'Etat n'a pas pris une telle décision "pour le plaisir capricieux de démolir ou de déplacer des gens, mais pour la sécurité des personnes."

Le maire de Charron se propose de racheter à l'amiable les maisons concernées et, à défaut, d'engager des procédures d'expropriation à l'égard des propriétaires, qui pour beaucoup contestent la cartographie des zones en question.

Les "zones noires", qui présentent "un danger de mort avéré", devront ainsi retourner à l'état naturel.

Une grand-mère et ses deux petits-enfants ont péri des suites de la tempête dans cette commune de 2.210 habitants.

"J'ai reçu aujourd'hui un courrier du préfet me demandant de signer des arrêtés interdisant 'd'accéder et d'habiter' aux propriétaires des 150 à 180 maisons classées en zone noire, c'est-à-dire vouées à les destruction. Je ne le ferai pas", a dit le maire de Charron à Reuters.

Jean-François Faget ne conteste pas que des habitations doivent être détruites mais "il n'est pas question pour moi d'appliquer des décisions qui ont été prises sans concertation et de demander à des gens dont la maison n'a pas été inondée de devoir quitter les lieux".

"SI LE PREMIER MINISTRE VEUT ME DESTITUER..."

"On nous a dit que le zonage n'est pas négociable mais on nous a aussi appris que dans certaines communes, on négociait encore puisque certaines zones sont classées orange et n'ont pas encore vu leur avenir tranché", a-t-il expliqué.

Les zones dit "oranges" nécessiteront une expertise complémentaire pour être classées "noires" ou "jaunes". Les zones jaunes sont considérées comme exposées aux risques mais pouvant être protégées.

Jean-François Faget assure qu'il ne signera rien "tant que le contour des zones n'aura pas été négocié".

"J'ai prévenu le préfet par téléphone et je vais lui envoyer un courrier en ce sens. Je n'ai même pas reçu la liste précise des parcelles vouées à la destruction", regrette-t-il.

"Si le Premier ministre veut me destituer, qu'il le fasse. C'est à l'Etat de prendre ses responsabilités", a-t-il ajouté.

De son côté, le président de l'association "Reconstruire Charron", Thierry Demaegdt, prépare un courrier à l'attention du président de la République pour lui demander une révision du tracé des zones noires.

L'association compte consulter des juristes dès ce week-end mais le président de l'association estime qu'"un recours à la justice n'interviendra qu'en dernier ressort. "Si nous ne sommes pas entendus".

Claude Canellas, édité par Sophie Louet