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Turkménistan 1: les portes de l'enfer, attraction touristique surréaliste

Les soviétiques ont mis le feu dans ce cratère après un incident de forage en 1971.

Les soviétiques ont mis le feu dans ce cratère après un incident de forage en 1971. - -

VIDEO - Le Turkménistan est l'un des pays les plus fermés au monde. A la recherche d'attractions pour faire venir les touristes, il mise sur un cratère géant, qui crache du feu depuis quarante ans, résultat d'une erreur de calcul des savants soviétiques.

Depuis 40 ans, les "portes de l'enfer", crachent du feu au cœur du désert de Karakoum, au Turkménistan. Des langues de feu lèchent constamment les parois du cratère, profond de 20 mètres et de 70 mètres de diamètre, et des bourrasques d'air brûlant s'en échappent. La chaleur extrême et le grondement sourd du feu font tourner la tête, bien qu'on ne sente pas de gaz dans l'air. En été, la température y atteint 50 degrés, en hiver elle tombe à moins 20 degrés.

Malgré le danger, aucune grille ni protection n'entoure le cratère ou n'empêche les touristes les plus intrépides de s'approcher du bord. A leurs risques et périls, car le sol de sable s'effondre par endroits.

Un des pays les plus isolés du monde

Aujourd'hui rien ne signale le cratère quand on traverse en jeep le désert du Karakoum, dont le nom veut dire Sables noirs, et qui couvre près de 80% de l'ex-république soviétique d'Asie centrale. Mais les guides savent où bifurquer pour s'approcher du cratère de Darvaza, à 270 kilomètres de la capitale, Achkhabad, par une piste traversant des dunes de sable.

Une lueur jaune et orange est visible dans le ciel et guide les rares touristes qui s'aventurent jusqu'au monstre crachant du feu.

Le Turkménistan, qui reste un des pays les plus isolés du monde 25 ans après l'effondrement de l'URSS, reçoit chaque année seulement quelque 12 à 15.000 touristes, de plus de cinquante pays, selon une source au sein du comité gouvernemental du tourisme. "Un peu plus que pendant l'époque soviétique".

Le gouvernement turkmène veut développer le tourisme destiné aux amateurs de sensations extrêmes, ou aux amoureux de la nature. Des safaris en jeep, en quad ou à dos de chameau pourraient bientôt être organisés afin d'amener les touristes près du cratère.

40 ans de gaspillage de gaz

Contrairement aux surprises géologiques naturelles de pays comme l'Islande, le phénomène est le résultat d'une erreur de calcul des savants soviétiques. En 1971, les géologues soviétiques ont commencé à forer pour prospecter. "En forant, ils sont tombés dans une poche souterraine, le matériel de forage y a disparu, mais heureusement personne n'est mort. Comme ils craignaient que le cratère n'émette des gaz empoisonnés, ils ont décidé d'y mettre feu", raconte à l'AFP Anatoli Bouchmakine, géologue turkmène.

Les scientifiques soviétiques espéraient ainsi brûler le gaz jusqu'à son extinction. Mais les flammes ne se sont pas éteintes depuis maintenant 40 ans. Elles sont devenues le symbole de l'étendue des réserves de gaz du Turkménistan, les quatrièmes plus vastes au monde.

"Les touristes qui visitent ce cratère de feu éprouvent des sentiments mitigés - certains sont sidérés par le paysage, d'autres par ce gaspillage de gaz", remarque Begli Ataïev, 40 ans, qui travaille dans une agence de tourisme à Achkhabad. En réalité, les experts turkmènes ont déjà tenté d'éteindre les flammes, sans succès.

K. L avec AFP