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"Tout sauf un vulgaire caillou": ils sondent la campagne normande à la recherche d'une météorite

Les scientifiques en train de chercher la fameuse météorite dans une praire de l'Orne.

Les scientifiques en train de chercher la fameuse météorite dans une praire de l'Orne. - Berge astronomie

À travers les champs ou le long de l'autoroute, des équipes de scientifiques et de bénévoles cherchent, depuis début mai, une météorite "plus vieille que la Terre" qui s'est écrasée dans l'Orne au mois d'avril.

"C'est pire que de chercher une aiguille dans une botte de foin, c'est vrai, mais on a quand même de l'espoir!" Cela fait maintenant près de trois semaines qu'une quinzaine de scientifiques, dont l'astronome Michaël Leblanc, passent au peigne fin les moindres recoins de la campagne de l'Orne à la recherche d'une petite météorite tombée du ciel dans la nuit du 16 au 17 avril dernier.

"Pour l'instant, on a pas encore mis la main dessus", raconte à BFMTV.com Michaël Leblanc, qui a organisé plusieurs battues scientifiques, dont la toute première le 24 avril. "Mais à ce jour, on ne doit avoir fouillé que 20 ou 30% de la zone de recherche, donc elle doit encore être posée dans l'herbe, quelque part au nord d'Alençon, au niveau de Sées (Orne)".

À la mi-avril, le météore lumineux avait pu être observé par des milliers de personnes en France, et les internautes avaient été nombreux à immortaliser sa trajectoire. Grâce aux quelques 200 témoignages recueillis, les scientifiques ont pu rassembler suffisamment d'éléments pour reconstituer sa trajectoire et (approximativement) son point de chute.

Dans l'Orne, les scientifiques sont à la recherche d'une petite météorite comparable à celle-ci.
Dans l'Orne, les scientifiques sont à la recherche d'une petite météorite comparable à celle-ci. © Berge astronomie

Une petite pierre noire et boursouflée

La météorite tant convoitée "est tombée au sol ce soir-là comme un vulgaire caillou", détaille Michaël Leblanc. "Mais c'est tout sauf ça. Elle n'est normalement pas très grande, elle ne doit pas peser plus de 500 grammes. C'est quelque chose de trés sombre, d'incomparable.

"Quand on l'a en face de soi, on sait que ça ne peut être rien d'autre! Elle est faite de croûte de fusion donc elle est quasimment noire, avec des boursouflures, comme si quelqu'un avait essayé d'enfoncer ses pouces dedans."

"C'est un travail assez laborieux mais la zone de recherche est assez vaste et les herbes sont hautes donc ça n'est pas évident", rapporte le médiateur scientifique, astronome passionné. "On procède selon une méthode de battue scientifique c'est-à-dire qu'on avance méticuleusement mètre après mètre, en ligne les uns à côté des autres. Ça demande beaucoup de rigueur donc on a fait appel à des professionnels qui s'y connaissent." "Ça a déplacé du monde!", s'amuse l'astronome.

Quelques jeunes associés aux recherches

En effet, des scientifiques très motivés sont venus de Rennes, Paris ou encore Lyon pour venir chercher cette fameuse roche. Et début avril, une poignée de jeunes, âgés de 15 à 18 ans, ont eux aussi eu la chance de participer aux recherches. C'est le cas d'Hugo Guerlet-Fouquet, 18 ans. Le jeune homme, en parcours d'insertion professionnelle au CEJM (Centre éducatif de jour Montjoie) au Mans, est un élève de Michael Leblanc.

"Quand notre professeur nous a parlé de cette météorite, ça a attisé ma curiosité", explique à BFMTV.com Hugo Guerlet-Fouquet. "Alors avec trois de mes camarades, on s'est levé de bonne heure et on est allés marcher pendant 1h30 à travers les champs avec l'équipe de scientifiques. On était disposés en rangs, et on marchait tête baissée dans plusieurs sens différents.

"C'était assez excitant, même si c'était aussi un peu fatigant, mais bon c'est pour la bonne cause", poursuit le jeune homme, qui se dit "fier d'avoir participé à des recherches d'une telle ampleur".

Cette météorite, "plus vieille que la planète Terre", serait une précieuse découverte pour les scientifiques. Michaël Leblanc explique que cette roche de 4,6 milliards d'années leur permettrait "d'en apprendre plus sur la formation de notre système solaire, mais aussi sur la fréquence et les caractéristiques des météores qui terminent leur trajectoire sur la Terre"

Selon lui, "ça pourrait aider à répondre aux questions: 'qu'est ce qui tombe exactement sur notre planète, et d'où est-ce que ça provient?' On sait que celle-ci devait être en orbite proche de la planète Mars. C'est intéressant car ça pourrait permettre de valider diverses hypothèses scientifiques à distance". Pour l'astronome, mettre la main sur cette pierre aurait même une dimension symbolique. "C'est tout sauf un vulgaire caillou, cette météorite a presque une forme de sagesse par son âge."

Jeanne Bulant Journaliste BFMTV