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TOUT COMPRENDRE - Où en est la conquête de Mars?

Si les connaissances topographiques de la planète rouge sont de plus en plus affinées, l'envoi d'hommes et de femmes sur Mars n'est pas encore à l'ordre du jour.

Terre fantasmée et planète lointaine, Mars semble plus "accessible" que jamais. Ce jeudi, la Nasa a lancé avec succès son robot mobile Perseverance, concu pour découvrir des traces de vie ancienne sur la planète rouge. S'il arrive intact, le 18 février 2021, Perseverance sera seulement le cinquième rover à réussir le voyage depuis 1997. Tous sont Américains.

Dans les prochaines semaines, cette mission à "très haut risque" devrait passer par plusieurs étapes, soulignait au micro de RTL Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d'études spatiales.

"D'abord il y a le lancement, et comme tous les lancements de fusées, il y a toujours un suspense. Ensuite il faut se mettre sur la trajectoire entre la Terre et Mars, là non plus ça n'est pas facile, il faut faire de la navigation cosmique assez compliquée", a-t-il expliqué.
Puis à l'arrivée sur la planète rouge, à la mi-février, "il y aura ce qu'on appelle habituellement les 'sept minutes de terreur', c'est-à-dire une rentrée atmosphérique et le dépôt (du rover, ndlr) à la surface de Mars, grâce à une grue volante de la taille d'une Twingo", développe-t-il encore.

· Une quarantaine de missions depuis 1960

Depuis les années 1960, la course à l'exploration de Mars a compté une quarantaine d'explorations, dont moins de la moitié ont été couronnées de succès. C'est l'Union soviétique qui s'est lancée en premier dans la course à la planète rouge avec des échecs multiples. En 1964, Zond 2 ne peut mener à bien les observations planétaires prévues mais elle est la première sonde à s'approcher de Mars.

Le 15 juillet 1965, le vaisseau américain Mariner 4 entre dans l'histoire en survolant la planète rouge. Une vingtaine de photographies sont transmises, révélant une surface désertique parsemée de cratères. Mariner 9 devient en novembre 1971 le premier véritable satellite autour de Mars, dont il fait une carte photographique détaillée, montrant des traces de volcanisme et d'érosion fluviale.

Les États-Unis sont la première nation à faire fonctionner des engins sur Mars: en juillet 1976, la sonde Viking 1 est le premier vaisseau à se poser en douceur sur une autre planète, suivie en septembre de Viking 2.

Au détour des années 2000, lancée à l'initiative de l'Agence spatiale européenne, la sonde Mars Express gravite autour de Mars à partir de décembre 2003. Elle est toujours opérationnelle. En 2012, le robot américain Curiosity se pose et reste le seul engin encore actif sur Mars.

· Les découvertes de Curiosity

L'exploration de Mars par le rover développé par la Nasa a permis à la science de parfaire ses connaissances quant à cette planète. Moins d'un an après son arrivée, Curiosity a apporté la preuve que la planète rouge a, par le passé, été potentiellement habitable. Grâce à l'analyse d'échantillons prélevés dans le cratère Gale, le robot a pu estimer que la présence de galets signifiait que de l'eau sous forme liquide se trouvait là et avait formé un lac.

Ces explorations ont également permis de connaître un peu plus l'environnement global de la planète Mars. Ainsi, d'autres analyses d'échantillons de terre et de roche ont permis d'estimer qu'il y a 3 millions d'années, l'atmosphère y était sèche et froide. De plus, de nombreux vents ont laissé plusieurs minéraux sur les dunes de la planète, dont plusiers sont encore en cours d'analyse.

De nombreuses images inédites, plus de 200.000, souvent spectaculaires, ont également été envoyées par Curiosity, dont d'impressionnantes tornades de poussière. En mars 2020, un impressionnant panorama de Mars avait été publié par la Nasa.

· Quels objectifs pour Perseverance?

La mission principale de Perseverance sera de chercher des traces de vie passée sur Mars, car les scientifiques pensent avoir de bonnes preuves qu'il y a plus de trois milliards d'années, la planète était plus chaude et couverte de rivières et de lacs, des ingrédients qui ont fait naître, au moins sur Terre, des microbes... Avant que la planète rouge ne devienne froide et sèche, pour une raison qui échappe encore aux planétologues.

Au centre de Perseverance se trouve l'instrument français "SuperCam" - l'oeil du robot - qui a été fabriqué à Toulouse par le CNES, a rappelé son président. Il s'agit d'une caméra qui va "tirer au laser sur les roches martiennes pour comprendre la nature du sol de Mars et chercher le Graal des astronomes, c'est-à-dire savoir s'il y a eu une vie passée" sur la planète.

SuperCam pourra notamment effectuer des mesures au-delà d'un périmètre de deux mètres et "son rôle sera crucial pour guider Perseverance en direction des roches à cibler", selon l'Observatoire de Paris-PSL, qui a contribué à l'instrument.

Grand comme un 4x4 (trois mètres de long), il pèse une tonne, dispose de 19 caméras et deux micros, qui pourraient être les premiers à enregistrer du son martien. Son bras robotique mesure deux mètres. Un générateur au plutonium rechargera ses batteries.

Autre première: Perseverance prélèvera une trentaine d'échantillons de roches dans des tubes, qu'une future mission américano-européenne récupérera pour qu'ils soient rapportés sur Terre, au plus tôt en 2031.

· A quand un humain sur Mars?

"C'est le début de l'aventure, mais ça n'est pas pour demain." En marge du lancement de Perseverance ce jeudi, Jean-Yves Le Gall a prévenu, l'envoi d'hommes et de femmes sur Mars n'est pas encore à l'ordre du jour.

"Le voyage est très long, c'est plusieurs mois d'apesanteur pour les astronautes... Demain, on va retourner sur la Lune, puisque la mission Artemis de la Nasa est en préparation à l'horizon 2024-2025", rappelle-t-il.

Pour autant, le multimillionnaire et créateur de SpaceX, Elon Musk, souhaite lancer dans les prochaines années les voyages spatiaux vers mars et, dès 2016, annonçait un début de ces derniers à l'horizon 2025. Il y a quelques semaines, l'entreprise avait passé un premier grand pas puisqu'elle était parvenue à envoyer deux astronautes de la Nasa vers la Station spatiale internationale (ISS).

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV