Thème 1: L'alimentation

J-J B : Changer nos modes de vies pourrait nous permettre d’éviter l’apparition d’un cancer. On va parler de cette maladie qui fait peur à tout le monde, et à juste raison. 150 000 décès par an en France dus au cancer, c’est la deuxième cause de mortalité derrière les maladies cardio-vasculaires. Il y a ce rapport du fond mondial de recherche contre le cancer qui sera présenté dans une demi heure à Paris, et qui dit que changer notre mode de vie peut influer sur l’apparition du cancer. C’est un travail conduit par des experts du monde entier qui ont examiné des études, qui ont travaillé sur des dizaines de milliers de patients et qui confirment ce que l’on savait déjà.

Pr. Michel Marty : Oui, bien sûr, mais compiler des études dont beaucoup avaient déjà montré ces recommandations ça les confirme évidemment. Mais ce n’est pas inutile du tout pour autant.

J-J B : Quels sont ces produits qui peuvent donner le cancer ?
Pr. M M : Il y a plus de 800 produits classés qui vont de certains nitrites, de certains dérivés des pétroles, pesticides, nicotine, goudron…Il y a vraiment de très nombreux produits.

J-J B : Concrètement, quels sont ces produits que nous consommons au quotidien ?
Pr. M M : Dans les produits que nous consommons au quotidien, par exemple, les grillades peuvent comporter certains hydrocarbures si elles sont trop grillées et trop nombreuses. La vérité c’est qu’il est extrêmement difficile de trouver et d’isoler un paramètre. Les grands comportements alimentaires marchent bien. La première chose c’est de ne pas fumer, c’est évident. Ensuite, ne pas consommer trop d’alcool, c’est aussi une évidence, ne pas avoir de surpoids.

J-J B : L’une des recommandations contenue dans ce rapport est la suivante : soyez aussi mince que possible tout en évitant l’insuffisance pondérale…
Pr. M M : Oui, en fait vous en avez quatre qui vont dans le même sens : restez aussi mince que possible, ne consommez pas trop de produits sucrés, faîtes de l’exercice, ayez une alimentation équilibrée, et tout ça c’est la même recommandation.

J-J B : La sédentarité est une cause de cancer ?
Pr. M M : La sédentarité est associée à une augmentation des cancers. Mais on n’est pas sédentaire en milieu rural quand on habite à dix kilomètres du prochain commerce.

J-J B : J’ai lu des livres dans lesquels il était dit que l’on pouvait éviter le cancer en mangeant mieux et en faisant un peu de sport, mais il n’y a pas que ça ?
Pr. M M : Bien sûr que non il n’y a pas que ça.

J-J B : C’est sérieux tous ces livres ?
Pr. M M : Je me suis déjà exprimé la dessus, je ne les recommanderais pas comme livre de chevet ou comme bible.

J-J B : On évite tout ce qui est sucré donc, pourquoi ?
Pr. M M : Pour éviter l’excès de poids. Là encore on n’a pas montré qu’une population ayant une alimentation plus riche en sucres lents ont un risque beaucoup plus élevé que des populations qui mangeraient exclusivement des légumes secs et frais.

J-J B : Justement venons en aux légumes et aux fruits qui sont vraiment recommandés. Pourquoi est ce que les légumes frais et les fruits nous protègent ?
Pr. M M : Pour plusieurs raisons mais la première qui est sans doute la plus importante c’est une raison indirecte : si votre contenu alimentaire contient des produits à faible valeur calorique apportant par ailleurs des vitamines et vous empêchant de manger des produits à forte valeur calorique, vous avez moins de poids. C’est la première raison. La deuxième c’est que ces produits contiennent de la cellulose qui n’est pas digestive et qui accélère le transit intestinal et compense, que ça permet de faire circuler plus vite des produits qui dans l’intestin pourraient être cancérigènes, et donc de réduire le risque.

J-J B : Et au niveau du sang, au niveau des cellules ?
Pr. M M : On n’a jamais pu montrer d’action directe.

J-J B : Donc il faut manger des fruits et des légumes, en prévention en quelque sorte ?
Pr. M M : Je pense que le premier message c’est qu’il faut être en bonne santé et en bonne forme et que ceci réduit l’incidence des maladies cardio-vasculaires, du diabète, de l’insuffisance respiratoire et de certains cancers. Il ne faut pas d’ailleurs être en forme pour éviter des maladies mais pour vivre mieux tous les jours.

J-J B : Le problème c’est que consommer cinq portions de fruits et légumes par jour ce n’est pas si évident que ça…
Pr. M M : Je ne suis pas absolument certain que cinq soit le chiffre sacré.

J-J B : Les recommandations disent aussi qu’il faut éviter la consommation de viande rouge ?
Pr. M M : Il faut éviter la surconsommation de viande rouge. On sait depuis très longtemps que deux portions de viande rouge par semaine seraient en général suffisantes à un équilibre alimentaire. On peut y ajouter des viandes blanches, du poisson, des œufs, des fromages…En mangeant de la viande rouge deux fois par semaine, on n’ajoute pas un sur risque.

J-J B : On évite la charcuterie ?
Pr. M M : J’ai vu cette recommandation, je n’ai pas lu le détail du rapport, mais j’aimerai savoir exactement sur quels éléments ça se fonde précisément, et quelle est la palette de charcuterie parce que c’est quand même extraordinairement large.

J-J B : Là encore, si la charcuterie est de bonne qualité, si elle a était bien fabriqué, on peut en manger si l’on n’en mange pas trop ?
Pr. M M : Evidemment, Je ne vois pas en quoi on a associé un risque particulier à la consommation, au hasard, de jambon blanc deux fois par semaine.

J-J B : Il faut aussi éviter la consommation d’aliments salés et de produits contenant du sel ajouté : les chips, les cacahuètes ?
Pr. M M : Je crois que la dedans il y a deux éléments : le premier c’est que le sel ajouté joue sur le goût et amène à consommer plus d’éléments caloriques. Deuxièmement ça joue un rôle dans la venue d’hyper tension artérielle. Ce n’est pas le rôle mais ce qui est important c’est que toutes ces recommandations joue sur l’incidence des maladies cardio-vasculaires, le diabète et de certains cancers.

J-J B : Et les compléments alimentaires ?
Pr. M M : Les compléments alimentaires, anti-cancérigènes si vous voulez, après toutes les études qui ont été faîtes, cela a démontré que ça ne servait à rien du tout.

La rédaction-Bourdin & Co