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Tempête politique autour de l'affaire Bettencourt

Sur fond de soupçons d'évasion fiscale, l'affaire Bettencourt se transforme en tempête politico-judiciaire à quinze jours du procès opposant la fille de la femme la plus riche de France au photographe François-Marie Banier. /Photo d'archives/REUTERS/Stéph

Sur fond de soupçons d'évasion fiscale, l'affaire Bettencourt se transforme en tempête politico-judiciaire à quinze jours du procès opposant la fille de la femme la plus riche de France au photographe François-Marie Banier. /Photo d'archives/REUTERS/Stéph - -

Sur fond de soupçons d'évasion fiscale, l'affaire Bettencourt se transforme en tempête politico-judiciaire à quinze jours du...

PARIS (Reuters) - Sur fond de soupçons d'évasion fiscale, l'affaire Bettencourt se transforme en tempête politico-judiciaire à quinze jours du procès opposant la fille de la femme la plus riche de France au photographe François-Marie Banier.

Elle tombe à un mauvais moment pour le gouvernement, qui s'efforce de faire passer dans l'opinion sa réforme des retraites, ainsi qu'un plan d'austérité alors même que plusieurs ministres sont épinglés pour leur train de vie.

Le ministre du Travail Eric Woerth, qui conduit la réforme des retraites, se retrouve en première ligne et doit se défendre presque chaque jour d'être intervenu en faveur de la situation fiscale de Liliane Bettencourt, ou d'avoir reçu de l'argent.

Il a annoncé dimanche que son épouse, qui travaillait pour le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, porterait plainte contre le socialiste Arnaud Montebourg.

Le député PS a jugé samedi que le maintien au gouvernement d'Eric Woerth "empêchera que la vérité éclate". "Il est chargé d'un dossier de premier plan, tout l'appareil judiciaire et policier de l'Etat va se mobiliser", a-t-il dit.

"C'est l'air de la calomnie", a répondu Eric Woerth sur Europe 1, se présentant à nouveau comme le champion de la lutte contre la fraude fiscale.

Le ministre n'a pas voulu, cependant, se prononcer sur le silence des services fiscaux concernant les soupçons de fraude fiscale visant l'actionnaire principale du géant des cosmétiques L'Oréal depuis la publication d'enregistrements pirates enregistrés par son majordome.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a dénoncé de son côté une "tentative de déstabilisation" visant un membre du gouvernement "qui a une responsabilité cruciale" dans la réforme des retraites.

BATAILLE D'AVOCATS

"Il y a une coïncidence extrêmement troublante de voir des conversations volées apparaître au moment où Eric Woerth" présente la réforme des retraites, a-t-elle dit sur radio J.

Dans le même temps, le conflit opposant Liliane Bettencourt à sa fille, à travers les dons faits à François-Marie Banier, se double d'une violente bataille d'avocats.

Dans le journal du Dimanche, Georges Kiejman, avocat de Liliane Bettencourt, accuse son confrère Olivier Metzner, défenseur de Françoise Bettencourt-Meyers, d'être le cerveau d'un "complot organisé de longue date".

Selon lui, Olivier Metzner est à l'origine de la publication des enregistrements pirates, qui suggèrent notamment des interventions de l'entourage de Nicolas Sarkozy ainsi que des dons à des candidats du parti présidentiel.

"Nous allons assigner Kiejman en diffamation", réplique Olivier Metzner, pour qui Liliane Bettencourt est entourée de "prédateurs."

"Quand on n'a même plus la notion de l'argent, c'est qu'on est en état de faiblesse", dit-il à propos du milliard d'euros qu'elle a offert à François-Marie Banier.

Dans Le Monde, samedi, Liliane Bettencourt se dit "moralement outrée" par les écoutes réalisées par son ancien majordome, placé 48 heures en garde à vue pour atteinte à la vie privée.

"C'est le jeu de ma fille, qui a confié ces bandes à la police. Cela me permet de porter plainte. Il y a eu d'autres affaires d'écoutes auparavant. Mais entre une mère et sa fille, c'est triste", dit-elle.

L'entourage de Liliane Bettencourt a toutefois mis un terme à l'entretien au bout de 21 minutes et une dizaine de questions, rapporte Le Monde.

Selon le quotidien, le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt a mis fin à l'entretien quand fut abordée la question de l'île d'Argos, que cette dernière a acquis aux Seychelles sans qu'apparemment le fisc n'en ait été informé.

Prudente, la première secrétaire du PS Martine Aubry a exigé de la "transparence". "Je n'ai pas l'habitude de critiquer sans être sûre des faits" mais "tout ce qui se passe actuellement donne une drôle de coloration à notre République", a-t-elle dit.

Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, avait estimé vendredi que l'affaire Bettencourt pourrait se transformer en "Sarkogate" et entraîner la démission du chef de l'État si les soupçons d'immixtion de l'Élysée dans la procédure judiciaire étaient avérés.

Gérard Bon, édité par Olivier Guillemain