BFMTV
Sciences

Tangage sur le Grenelle après le retrait de la Fondation Hulot

Le retrait de la Fondation Nicolas Hulot du Grenelle de l'environnement pour protester contre l'abandon de la taxe carbone a écorné les engagements verts du gouvernement, qui tente d'apaiser la bourrasque. /Photo d'archives/REUTERS/Patrick Kovarik/Pool

Le retrait de la Fondation Nicolas Hulot du Grenelle de l'environnement pour protester contre l'abandon de la taxe carbone a écorné les engagements verts du gouvernement, qui tente d'apaiser la bourrasque. /Photo d'archives/REUTERS/Patrick Kovarik/Pool - -

par Gérard Bon PARIS - Le retrait de la Fondation Nicolas Hulot du Grenelle de l'environnement pour protester contre l'abandon de la taxe carbone a...

par Gérard Bon

PARIS (Reuters) - Le retrait de la Fondation Nicolas Hulot du Grenelle de l'environnement pour protester contre l'abandon de la taxe carbone a écorné les engagements verts du gouvernement, qui tente d'apaiser la bourrasque.

D'autres ONG ont souhaité que le geste de l'écologiste serve d'électrochoc après un certain nombre d'abandons et de reculs, en particulier les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy.

Après l'annonce de Nicolas Hulot, le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, et d'autres responsables du gouvernement se sont efforcés de donner des gages pour éviter l'implosion du processus du Grenelle, sans céder sur la taxe carbone.

Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a souhaité le retour de l'écologiste et de ses proches au Grenelle, tout en défendant le revirement gouvernemental.

Jean-Louis Borloo a souligné pour sa part que le Grenelle II, destiné à concrétiser la plupart des mesures décidées en 2007, serait présenté le 4 mai à l'Assemblée nationale.

Les autres ONG, solidaires sur le fond de l'initiateur du "pacte écologique", ne sont pas allées jusqu'à évoquer à leur tour un retrait mais ont appelé l'exécutif à se ressaisir.

Le WWF, organisation mondiale de protection de l'environnement, demande ainsi à Nicolas Sarkozy d'organiser "dans les plus brefs délais" une réunion avec les ONG parties prenantes "pour confirmer réellement les engagements du Grenelle qu'il a pris publiquement en octobre 2007."

Dans un communiqué, l'association estime que les récentes prises de position au sommet de l'Etat "donnent à penser que le Grenelle de l'environnement n'a été qu'une parenthèse que les conséquences du second tour des régionales seraient en train de clore."

"On souhaite que la position de la Fondation Nicolas Hulot ait valeur d'électrochoc en direction du gouvernement", a déclaré Christian Garnier, vice-président de France Nature Environnement, au quotidien Métro paru mardi.

Ce dernier n'envisage cependant pas de retrait du Grenelle afin "de ne pas torpiller un processus très important."

"ÇA COMMENCE À BIEN FAIRE"

Nicolas Sarkozy, qui se posait en ardent défenseur de l'environnement, a suscité le trouble, y compris au sein du gouvernement, en déclarant au Salon de l'Agriculture que "toutes ces questions d'environnement, (...) ça commence à bien faire."

Nicolas Hulot avait contribué à mettre l'écologie sur le devant de la scène politique en lançant en novembre 2006 un Pacte écologique, signé depuis par 750.000 Français.

Lors de la campagne présidentielle de 2007, il avait obtenu la signature par Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et huit autres candidats d'engagements fermes à oeuvrer en faveur de "solutions concrètes" pour l'environnement.

Mais pour la fondation Nicolas Hulot, "les récentes déclarations des responsables politiques" montrent, trois ans après la mise en place du Grenelle, "que nous en sommes encore loin" et que le "bilan est insuffisant."

Les ténors de la majorité ont défendu lundi le bilan environnemental du gouvernement, affirmant qu'il ne se réduisait pas à la taxe carbone et que la majorité était toujours décidée à la mettre en oeuvre, mais sur le plan européen.

Le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a appelé Nicolas Hulot, qui avait longtemps conseillé Nicolas Sarkozy sur ces sujets, à revoir sa position. "Je souhaite qu'il reprenne sa participation au Grenelle parce que le Grenelle c'est un chantier sans précédent qui est engagé", a-t-il dit sur i>Télé.

Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a estimé que la majorité "n'a pas à rougir du travail fantastique qui a été accompli, grâce au président, au Premier ministre et à Jean-Louis Borloo sur le Grenelle de l'environnement".

"Je pense que la taxe carbone, c'est important. Mais que ce serait une erreur énorme de réduire l'énorme effort qu'on a mis en oeuvre sur le Grenelle avec cette seule taxe", a-t-il dit.

L'ex-Premier ministre Alain Juppé a dit pour sa part "comprendre" Nicolas Hulot, estimant sur France Info qu'il y avait "urgence" à mettre en oeuvre la taxe carbone.

Nicolas Sarkozy a conditionné la mise en oeuvre d'une taxe carbone à l'adoption d'un mécanisme similaire à l'échelle européenne. Jean-Louis Borloo a réaffirmé lundi que ce sujet sera à l'ordre du jour du Conseil européen en juin.

Édité par Gilles Trequesser