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Solidarité mais pas d'impôt sécheresse

54 départements ont pris de mesures drastiques de restriction d’eau. Mais pour certains syndicats agricoles, il faut aller plus loin. Deux d’entre eux  prônent la réquisition des 2 millions tonnes de blé et de maïs destinées à produire du biocarburant

54 départements ont pris de mesures drastiques de restriction d’eau. Mais pour certains syndicats agricoles, il faut aller plus loin. Deux d’entre eux prônent la réquisition des 2 millions tonnes de blé et de maïs destinées à produire du biocarburant - -

Alors que deux syndicats agricole appellent à la réquisition des céréales destinées aux biocarburants, Bruno Le Maire annonce ce lundi qu'il souhaite une solidarités à tous les niveaux et précise qu'il n'y aura pas d'impôt sécheresse comme en 1976.

Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture a convoqué préfets et syndicats agricoles afin de trouver des solutions face à la sécheresse et au manque de céréales destinés à l’alimentation des troupeaux. Déjà, 54 départements ont pris de mesures drastiques de restriction d’eau. Mais pour certains syndicats agricoles, il faut aller plus loin. Deux d’entre eux (Confédération Paysanne et Coordination Rurale) prônent la réquisition des 2 millions de tonnes de blé et de maïs destinées à produire du biocarburant afin d’aider les éleveurs en difficultés.

Après cette réunion, Bruno Le Maire a annoncé qu'il souhaitait une solidarité entre les differents acteurs agricoles et économiques. D'un coté, les céréaliers doivent fournir de la paille aux éleveurs. De l'autre, Etat, banques et collectivités doivent donner leur part. Mais le Ministre a insisté sur le fait qu'il n'y aurait pas d'impôts sécheresse comme en 1976.

«A condition exceptionnelle, mesure exceptionnelle»

François Lucas, vice-président de la Coordination rurale est de ceux qui demandent la réquisition. Ces 2 millions de tonnes sont pour lui des « quantités considérables ». « Nous on dit : à condition exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Nous disons à l’Etat pour cette année, année blanche pour les bios carburants, il y a là une marchandise disponible qui va partir de chez les agriculteurs à un prix dérisoire et il faut que cette marchandise n’aille pas dans les réservoirs des véhicules mais aille nourrir les animaux des éleveurs qui ne savent plus comment faire ».

«Ce blé qui va faire de l’essence, c’est incompréhensible pour les éleveurs »

Gérard Durand est responsable en charge de l’élevage à la Confédération paysanne. Avec la sécheresse les récoltes seront maigres. Par conséquent, les éleveurs vont manquer de céréales pour nourrir leurs bêtes. Avec un prix de 250 euros la tonne de blé, il leur est impossible d’en acheter pour leur cheptel : « ça va être dramatique dans les exploitations. Il y a beaucoup d’éleveurs qui n’ont plus rien à donner à leurs animaux. Mais c’est vrai que ce blé qui va servir pour aller faire de l’essence à l’heure ou il y a pénurie, c’est incompréhensible pour les éleveurs. Parce qu’on en a besoin dans les exploitations et voilà on va continuer à faire de l’essence avec ça. A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. L’état peut réquisitionner et nous on demande à ce que ces contrats blé/éthanol ne servent plus à faire de l’essence mais à nourrir les animaux pour l’hiver. »

«Il n’y a aucun problème d’approvisionnement»

De leur coté, les céréaliers ne sont pas du même avis. Philippe Pinta est président des Céréaliers de France, selon lui, il y aura assez de céréales pour tout le monde. Il souligne surtout que la réquisition des céréales destinées aux biocarburants signerait la mort de la filière : « C’est une filière qui démarre, qui est jeune, certaines usines ont deux ans d’activités c’est tout. A ce moment là les usines s’arrêtent, les clients s’en vont et comme on a passé quinze ans à essayer de construire cette filière là, tout s’écroulerait. Surtout, on ne comprendrait pas pourquoi puisqu’il n’y a aucun problème d’approvisionnement, aucun. On est un grand pays exportateur. En blé l’année dernière on a exporté plus de 60%. Même s’il y a une sécheresse forte et qu’on exporte 20-30%, il n’y a aucun problème pour que l’on manque de céréales, loin s’en faut ».

« Les céréaliers sont conscients des problèmes dans l’élevage »

Pour Daniel Peyraude, secrétaire général des producteurs de maïs et exploitant agricole dans les Landes, il n’y a pas besoin d’encadrer et de mettre en place de pareil mesure de réquisition : « C’est du folklore, c’est de l’habillage politique parce que quand on ne sait pas quoi dire et bien on meuble en disant : on va réquisitionner. Mais jusqu'à présent il n’y a jamais eu besoin de tout ca. Les céréaliers sont tout à fait conscients des problèmes qui existent dans l’élevage sur les stocks de fourrage. En 2003, nous avons déjà réalisé ce genre de collaboration entre professions. On n’a pas eu besoin de quoi que ce soit. On s’est organisé entre nous quoi ».

La Rédaction