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Solar Impulse: l'épopée de l'avion solaire avec pilote

Solar Impulse (premier du nom) prenait son envol pour un voyage à travers le désert marocain, le 21 juin 2012.

Solar Impulse (premier du nom) prenait son envol pour un voyage à travers le désert marocain, le 21 juin 2012. - Abdelhak Senna - AFP

Solar Impulse 2 s'est élancé lundi pour un tour du monde sans énergie fossile, concrétisant ainsi douze ans de recherche et d'expérimentation. Par-delà l'exploit technique, déjà qualifié d'historique, l'objectif reste de sensibiliser le monde aux énergies propres, en particulier le photovoltaïque.

Solar Impulse, traduisez "élan solaire". C'est effectivement du soleil que Solar Impulse 2, comme son prédécesseur, tire son énergie. Mais avant de se lancer lundi dans un tour du monde annoncé comme historique, l'avion solaire avec pilote a été l'objet d'un long développement. Depuis la rencontre des Suisses Bertrand Piccard, l'initiateur du projet, et d'André Borschberg, son "coaventurier", il s'est écoulé 12 ans.

Entre l'aéronaute psychiatre spécialistes de l'hypnose et le pilote professionnel ingénieur, la bonne entente semble n'avoir jusqu'ici souffert d'aucun accro, pilotant tour à tour leur avion solaire. Retour sur les grandes étapes d'un défi lancé dès 2003 pour sensibiliser aux énergies renouvelables.

> 2010, premier envol

La première version de l'avion solaire piloté, immatriculé HB-SIA ("HB" faisant référence au préfixe d'immatriculation aéronautique de la Suisse et les lettres "SI" correspondent à l'abréviation de Solar Impulse), avait pris son envol en 2010, après sept ans de recherche. Certes, dès 2007, Bertrand Piccard avait relié Honolulu à Miami, mais c'était sur simulateur.

Le véritable premier vol a eu lieu le 7 avril 2010. Piloté par le pilote d'essai allemand Markus Scherdel, le grand oiseau de 63,40 mètres de d'envergure et de 1.600 kg, avait accéléré à 45 km/h, propulsé par ses quatre moteurs électriques de 10 chevaux, avant de s'élever au-dessus de la piste de l'aérodrome militaire de Payerne, en Suisse. Ce premier vol avait duré 87 minutes.

Un deuxième vol en juillet 2010 a lui duré plus de 26 heures sans interruption. Mieux, l'avion avait, grâce à ses réserves d'énergie, pu voler une nuit entière. 

> 2011, premier vol international

Relier la Suisse à la Belgique, telle avait été l'exploit en mai 2011 de Solar Impulse. Le vol qui avait consisté à relier Payerne à Bruxelles avait couvert sans encombre la distance, à l'époque record, de 500 kilomètres. Après avoir posé son avion, André Borschberg s'était réjoui du peu d'énergie consommée: "J'ai capté plus d'énergie que je n'en ai utilisé. (…) J'ai volé avec la puissance d'un scooter". Les 12.000 cellules photovoltaïques avaient parfaitement joué leur rôle. L'appareil était monté à une altitude de 3.600 mètres et avait effectué des pointes de vitesse à 70 km/h.

> 2011, apparition au Bourget

Invité d'honneur du 49e Salon international de l'aéronautique et de l'espace, l'avion parti de Bruxelles avait eu des difficultés à rallier l'aéroport du Bourget. Il avait dû s'y reprendre à deux fois, gêné lors d'une première tentative par un vent défavorable. Il avait ainsi été contraint de faire demi-tour au niveau de la commune de Bavay, dans le nord de la France. Le second vol n'avait pas été homologué car Solar Impulse avait dû recharger 40% de ses batteries avec du courant conventionnel.

> 2012, traversée de la Méditerranée

Rallier Madrid à Rabat, en 18h30, Solar Impulse n'est certes pas le plus rapide des moyen-courriers. Conduit par le Suisse Bertrand Piccard, l'avion s'était posé sur une piste longue de 3,8 km. Le lendemain, le roi Mohamed VI inaugurait la plus grande installation thermosolaire jamais construite à ce jour. "Le Maroc s'engage avec beaucoup d'ambition dans le développement des énergies renouvelables. Nous admirons cet effort", avait dit à sa descente le pilote, satisfait mais visiblement éreinté par ce voyage.

> 2013, la tournée américaine

La traversée d'ouest en est des Etats-Unis, tel était il y a deux ans le défi qu'avait relevé Solar Impulse, premier du nom. De San Francisco à New York, le périple comprenait cinq escales. Selon ses concepteurs, l'appareil -capable de recharger en cours de route l'énergie de ses 400 kg de batteries au lithium- aurait pu parcourir d'une traite les 4.156 séparant les deux villes. Mais en l'absence de pilotage automatique, le pilote avait besoin de se reposer.

Lors de l'étape qui lui a permis de rallier l'Arizona au Texas, Solar Impulse avait battu le record de la plus grande distance parcourue dans escale, soit 1541 km en 18 heures et 21 minutes.

En ralliant le 6 juillet 2013, Washington à New York, Solar Impulse a achevé son dernier vol. L'appareil est démonté et mis en vente. Il est racheté par Solvay qui l'expose à la Cité des Sciences et de l'industrie, à Paris. Le 8 février 2014, Solar Impulse 2 (immatriculé HB-SIB) est officiellement présenté à l'aérodrome de Payerne, en Suisse. En juin, il effectue son premier vol d'essai. Avant de se lancer dans l'aventure d'un tour du monde neuf mois plus tard