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Savoie: un Beaufort qui produit de l'électricité

En Savoie, près d'Albertville, le fromage possède des propriétés insoupçonnées. Les producteurs de beaufort y recyclent les résidus de la fabrication du fromage pour créer de nouveaux produits et surtout produire de l'énergie. Ils ont de quoi assurer la consommation électrique de 1.500 personnes pendant un an. De quoi déculpabiliser en dévorant ces délicieuses meules éco-responsables.

Dans les alentours d'Albertville, près de 650 éleveurs de vaches se sont regroupés depuis octobre, pour donner une seconde vie à leurs déchets. Car dans la production du beaufort, pour obtenir un kilo du fromage, il faut dix litres de lait. Et une fois le fromage pressé, il reste neuf litres de petit lait (ou lactosérum) longtemps vendu par les producteurs à perte. Mais avec la modernisation de leur production, les débouchés sont nombreux. 

"Le sens du projet c'est d'utiliser tout ce qui reste dans ce petit lait pour le transformer en produits: du beurre, de la poudre de protéine, de la ricotta, et puis également la méthanisation puisqu'on a de l'eau sucrée à la fin", explique Yvon Bochet, président de l'Union des producteurs de beaufort.

Créer de l'électricité grâce à du fromage

La valorisation de ces déchets se fait à plusieurs niveaux et a permis la création d'une dizaine d'emplois. Cette deuxième production à partir du lactosérum créé ses propres résidus qui sont eux aussi réutilisés. Les restes de petit lait et les eaux usées sont directement envoyées dans une usine de biogaz unique au monde qui permet de traiter 99% des déchets issus du beaufort.

"Après la fabrication du beurre, de la ricotta et de la poudre de lactosérum, il reste encore un jus chargé en matières organiques. On donne ce jus à des bactéries et elles vont le transformer en biogaz qui va servir à faire de l'électricité et de l'eau chaude pour l'usine", précise François Decker, le directeur général de Valbio, la société de l'usine de méthanisation en question.

Avec cette logistique, Valbio reprend un procédé séculaire et peut assurer la consommation électrique de 1.500 personnes par an. En plus d'être écologique, le procédé présente un intérêt économique: cette nouvelle filière rapporte six millions d'euros par an et sera rentable dès 2022.

M.-C. M.avec Jean-Rémi Baudot et François Pitrel