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Réchauffement climatique: la foudre n'a jamais autant frappé l'Arctique qu'en 2021

L'archipel François-Joseph, dans l'Arctique, le 16 août 2021 (Photo d'illustration)

L'archipel François-Joseph, dans l'Arctique, le 16 août 2021 (Photo d'illustration) - Ekaterina ANISIMOVA © 2019 AFP

7278 impacts de foudre ont été rapportés par l'entreprise Vaisala en 2021, presque deux fois plus que le total enregistré les neuf précédentes années.

Aucune partie du globe n'est épargnée. L'extrême nord de l'Arctique a connu un nombre record de phénomènes de foudre en 2021, signe pour les scientifiques que le dérèglement climatique est une réalité dans cette région reculée et quasiment inoccupée, rapporte CNN.

Vaisala, une entreprise de surveillance environnementale qui suit la foudre partout dans le monde, a signalé pas moins 7278 impacts de foudre l’an dernier au 80e parallèle nord. C'est presque deux fois plus que le nombre total d'impacts rapportés au cours des neuf précédentes années.

La foudre comme indicateur du dérèglement

La survenance de la foudre en Arctique est un phénomène rare dont se servent les scientifiques pour évaluer le réchauffement des températures.

"La foudre nécessite des changements d'humidité et de température dans l'atmosphère", explique la société finlandaise sur les réseaux sociaux. "En tant que tel, la foudre dans la région arctique est un indicateur important des impacts potentiels du changement climatique, car elle identifie les intrusions d'air chaud et très humide", développe-t-elle.

Le nombre annuel d'impacts de foudre en Arctique est demeuré constant au cours de la dernière décennie, mais il augmente considérablement dans l’extrême nord.

"Ce que nous avons vu, c'est que la foudre et les orages se développent au-dessus de la Sibérie, puis se déplacent sur l’océan Arctique et se poursuivent très loin au nord", a déclaré au média américain Chris Vagasky, météorologue et gestionnaire des applications de la foudre à Vaisala.

Des résultats "inquiétants"

Pour Jose Martinez-Claros, chercheur à l’Université de Californie, San Diego Center for Western Weather and Water Extremes, ces résultats communiqués par la société sont "inquiétants. Cela semble suggérer que, dans ce climat de séchage et de réchauffement, certaines tempêtes atteignent maintenant des latitudes beaucoup plus élevées qu'auparavant et plus près de l’Arctique," analyse-t-il pour CNN.

Une étude menée en 2021 a également révélé que la foudre dans l’Arctique avait augmenté entre 2010 et 2020 et que cette évolution était fortement liée au réchauffement planétaire, causé par les émissions de combustibles fossiles.

"Nous savons que l’Arctique change plus rapidement que le reste de la Terre en ce qui concerne son climat", a déclaré Chris Vagasky. "Et donc la surveillance de ces tendances dans les orages et la foudre dans cette région très éloignée nous aide à détecter où ces intrusions d’air chaud et humide se produisent."
Hugues Garnier Journaliste BFMTV