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Pressée par les USA, BP prépare une autre tentative de colmatage

Nettoyage d'une plage en Louisiane. La tentative de colmatage que prévoit BP cette semaine sur son puits de pétrole à l'origine d'une marée noire dans le golfe du Mexique a entre 60 et 70% de chances de réussite, selon un responsable de la compagnie. /Pho

Nettoyage d'une plage en Louisiane. La tentative de colmatage que prévoit BP cette semaine sur son puits de pétrole à l'origine d'une marée noire dans le golfe du Mexique a entre 60 et 70% de chances de réussite, selon un responsable de la compagnie. /Pho - -

par Matthew Bigg VENICE, Louisiane - La tentative de colmatage que prévoit BP cette semaine sur son puits de pétrole à l'origine d'une marée noire...

par Matthew Bigg

VENICE, Louisiane (Reuters) - La tentative de colmatage que prévoit BP cette semaine sur son puits de pétrole à l'origine d'une marée noire dans le golfe du Mexique a entre 60 et 70% de chances de réussite, déclare un responsable de la compagnie.

"Nous devons faire en sorte que cela marche", a dit à CNN Doug Suttles, directeur des opérations de BP, en se référant à un projet "d'étouffement par le haut" ("top kill") consistant à injecter dans le puits des fluides de forage lourds pour tenter de colmater les fuites, puis du ciment pour obstruer le puits.

Le géant pétrolier basé à Londres, qui a perdu environ 25% de sa valeur boursière (près de 50 milliards de dollars) depuis le début de la marée noire il y a cinq semaines, a fixé la nouvelle opération à mercredi.

Washington exerce des pressions croissantes sur BP pour que la firme remédie à ce que le président Barack Obama tient pour une catastrophe écologique sans précédent aux Etats-Unis.

Alors que des nappes de brut lourd encrassent les fragiles marais et les parcs naturels de Louisiane, les ingénieurs de BP s'efforcent de mettre au point des formules techniques pour tenter d'endiguer ou de stopper la fuite le plus vite possible.

Invité à évaluer les chances de succès de l'option "top kill", Doug Suttles a déclaré: "Ce n'est pas un 10, ce n'est pas aussi sûr que ça, mais c'est au-dessus de 5 - un 6 ou un 7."

Des membres du cabinet d'Obama devaient se rendre lundi sur le littoral du golfe du Mexique.

Le gouvernement a prévenu dimanche qu'il écarterait BP des efforts de colmatage du puits s'il estimait que la compagnie ne fait pas tout le nécessaire. Mais l'amiral Thad Allen, chef des garde-côtes américains, a reconnu que BP et le secteur pétrolier étaient seuls à posséder le savoir-faire technique requis pour ce type d'intervention en eau profonde.

PAS DE SUCCÈS GARANTI

A propos des prochaines mesures envisagées pour fermer le puits, des responsables de BP ont noté qu'il n'y avait aucune garantie de succès parce qu'on ne les avait jamais mises en pratique à 1,6 km de profondeur. Des robots sous-marins évoluant dans l'obscurité seront mobilisés pour l'occasion.

Une autre intervention tentée précédemment par BP - l'insertion d'un long tube dans le puits - semble avoir eu relativement peu d'effet sur la fuite de pétrole.

Selon BP, le tube n'a siphonné par moments que 1.360 barils par jour (216.200 litres) durant les six jours qui ont précédé le 23 mai. En moyenne, dit BP, la quantité de pétrole recueillie durant cette période a été de 2.010 barils/jour. La semaine dernière, la compagnie a dit avoir siphonné environ 5.000 barils/jour.

BP estime à 5.000 barils environ le volume de pétrole déversé chaque jour en mer, mais certains experts ont avancé des chiffres beaucoup plus élevés quant à l'ampleur de la fuite - certains évoquant jusqu'à 70.000, voire 100.000 barils par jour.

La compagnie pétrolière a dit que la marée noire, provoquée par l'explosion et le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon qui a fait 11 morts le 20 avril, lui avait coûté 760 millions de dollars jusqu'ici. Lundi, elle a promis de débloquer jusqu'à 500 millions de dollars pour en étudier l'impact global.

Doug Suttles a déclaré que si l'opération "top kill" n'était pas concluante, la compagnie tenterait de poser un dôme de confinement "top hat" sur la fuite principale pour tenter de capter la plus grande partie du pétrole et de l'acheminer vers un navire de forage en surface.

Une autre formule envisagée consisterait à injecter sous pression des matériaux divers dans le bloc obturateur de puits (BOP) qui n'a pas fonctionné.

Ken Salazar, secrétaire à l'Intérieur, et Janet Napolitano, secrétaire à la Sécurité intérieure, devaient survoler lundi les zones affectées par les nappes de pétrole. Salazar a déclaré dimanche que Washington s'irritait de ce que BP laisse passer "délai sur délai" dans ses efforts pour remédier au problème plus d'un mois après l'explosion de sa plate-forme.

Le président vénézuélien Hugo Chavez, qui prend régulièrement les Etats-Unis pour cible, a annoncé dimanche l'envoi d'experts pétroliers à Cuba pour aider son allié à se prémunir contre l'éventuelle arrivée de la nappe sur ses côtes.

Avec Sarah Young à Londres, Susan Heavey à Washington, Pascal Fletcher à Miami, Tom Bergin à Houston; Philippe Bas-Rabérin pour le service français