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Près de Paris, de faux réacteurs pour tester la sûreté nucléaire

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par Marion Douet SACLAY, Essonne (Reuters) - Un important séisme, une fuite d'hydrogène dans un réacteur nucléaire. Ce scénario catastrophe ne se...

par Marion Douet

SACLAY, Essonne (Reuters) - Un important séisme, une fuite d'hydrogène dans un réacteur nucléaire. Ce scénario catastrophe ne se déroule pas à Fukushima mais... non loin de Paris.

L'expérience est menée dans l'un des laboratoires de recherche du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), où 4.000 chercheurs et techniciens se consacrent à la sûreté nucléaire.

La ministre de l'Ecologie et du Développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, a visité mardi le site du CEA de Saclay (Essonne), la "Silicon Valley européenne", en marge d'un séminaire sur la sûreté nucléaire organisé par la présidence française du G8.

"L'accident de Fukushima nous a tous saisis et la nécessité s'est imposée d'en tirer les enseignements", a déclaré la ministre. "La nécessité de relever nos standards et nos modes de coopération s'est également imposée", a-t-elle ajouté.

Une coopération déjà mise en oeuvre au CEA où la majorité des projets réunissent plusieurs pays ou organismes internationaux pour mieux comprendre et tenir compte des risques nucléaires.

Ainsi "Tamaris", installation qui accueille le plus grand mécanisme de simulation sismique d'Europe. En quelques secondes, la plate-forme subit les secousses ressenties par la ville japonaise de Kobe en 1995, d'une magnitude de 7,2 sur l'échelle de Richter.

DES QUESTIONS EN SUSPENS SUR FUKUSHIMA

Les chercheurs du CEA testent la résistance aux secousses d'une structure semblable aux caissons électriques qu'EDF utilise pour alimenter les centrales françaises.

Quelques allées plus loin, une imposante cuve bleue reproduit le volume d'un réacteur français à une échelle d'1/700e, mais ne contient aucun combustible. Ce programme baptisé "Mistra" étudie depuis 2001 les risques liés aux formations d'hydrogène dans les réacteurs nucléaires.

A l'intérieur du faux réacteur, les chercheurs simulent des fuites d'hydrogène pouvant mener à des explosions qui endommageraient l'enceinte de confinement.

Etienne Studer, chercheur à la direction de l'énergie nucléaire du CEA, explique que l'installation ne permet pas, pour l'instant, de comprendre le scénario exact de Fukushima, et encore moins d'en tirer des leçons.

"Ce ne sont pas les mêmes réacteurs, rappelle-t-il. Mais quand nous connaîtrons le scénario exact de ce qui s'est passé au Japon, nous pourrons l'appliquer à nos simulations. II faudra alors vérifier qu'elles ne laisseront pas de questions en suspens."

Les trente-trois pays représentés au séminaire organisé par le ministère français de l'Ecologie ont appelé à un renforcement des normes de sûreté nucléaire dans le monde.

Leurs conclusions seront présentées mercredi aux autorités nucléaires des pays de l'OCDE puis transmises à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui se réunira à Vienne du 20 au 24 juin.

Edité par Sophie Louet